Au début de l'automne 1940, Saint-Exupéry demande conseil à ses amis les Gallimard et aux Werth. Stacy de la Bruyère écrit que l'idée de l'Amérique s'imposa tôt ou tard, comme il fallait s'y attendre.
L'écrivain, comme des centaines d'autres personnalités à l'époque, fait ensuite le voyage de Vichy pour y prendre la température. Dans la capitale de l'Etat français, il rencontra Pierre Drieu la Rochelle en mission pour son ami Otto Abetz qui avait chargé l'écrivain fasciste de relancer la Nouvelle Revue Française favorable à l'occupant et à la Collaboration. (Drieu avait adhéré au fascime au début des années 30.) Abetz voulait une revue de haute tenue et comptait sur les relations de Drieu pour y attirer quelques unes des grandes plumes restées en France. (Gide, Eluard, Giono, Malraux et Saint-Exupéry, entre autres, étaient pressentis.)
Drieu obtint rapidement les papiers pour le voyage de Saint-Exupéry. (visa américain délivré le 21 octobre) Ce dernier accepta la proposition de Drieu d'un lift pour Paris où il voulait récupérer des affaires. En arrivant à la ligne de démarcation, et voyant avec quelle facilité Drieu passait devant les sentinelles allemandes, il comprit avec qui il avait accepté de voyager. écrit sa biographe, avant d'ajouter que si on ne sait pas quels furent les sujets de discussion entre les deux écrivains durant le trajet, elle pense que la NRF contrôlée par l'occupant fut certainement au menu des échanges...
Et encore :
Encore en décembre (1940), dans le premier numéro de la NRF nouvelle formule, Drieu promettait de publier des pages de Saint-Exupéry. Les convictions politiques de ce dernier étaient suffisamment vagues pour qu'un sympathisant nazi puisse se le permettre, et pour que les dirigeants de Vichy pensent à lui pour un ministère..
(p. 368-369)
A-t-on confirmation d'un Saint-Exupéry pressenti comme ministre de Pétain ?
Bien cordialement,
RC |