... de défendre l'infortuné Rudolf Kasztner, dont le triste sort postérieur à la Deuxième Guerre Mondiale s'inscrit dans la formation d'un esprit national israélien, donc d'une mémoire commune. On sait que, dans le même contexte, le procès Eichmann suscitera une abondante controverse sur le rôle des Conseils juifs. Rappelons également que la hantise de certains Israéliens était de ne pas agir comme ces millions de Juifs européens qui s'étaient laissés exterminer comme des moutons - selon l'image (pas franchement exacte) qu'ils se faisaient de la Solution finale.
Que Rudolf Kasztner ait pu sauver des Juifs est évidemment louable. Mais le fait est qu'il a été totalement manipulé par Eichmann, et qu'au final son action n'a pas servi à grand chose.
Une autre question que je me pose est de restituer ces négociations manquées (à dessein ?) dans le contexte des approches diplomatiques du IIIe Reich à destination des Anglo-Saxons. Rappelons que selon certains historiens, Hitler aurait gardé les Juifs d'Europe en otages et que c'est à partir du durcissement des relations germano-américaines au second semestre 1941 que s'amorcera l'étape exterminatrice des projets nazis - les Juifs ne servant plus à rien. Et si Hitler avait décidé malgré tout qu'ils pouvaient encore servir à quelque chose ? Un événement troublant à cet égard est la relative facilité avec laquelle les Danois ont pu évacuer, en 1943, leur communauté juive vers un pays aussi bien considéré (par les nazis) que la Suède. |