Bonsoir Laurent (P.P), bonsoir à tous,
Z'auriez pas une aut' question ? C'est complexe et mortellement ennuyeux. C'est pas moi qui le dit, c'est William L. Langer.
Plus sérieusement! Tentons de démêler l'écheveau inextricable des services de renseignements US.
Acte 1.
L'initiative d'engager des observateurs pour contrôler l'acheminement des denrées fournies à l' AFN, dans le cadre de l'accord Weygand-Murphy, vient du Département d'Etat. Outre cette mission officielle, le Département d'Etat saisit l'opportunité de confier à ces "observateurs" une mission officieuse à caractère militaire et naval.
Acte 2.
Le Département d'Etat ne comptait, en son sein, aucun membre compétent, francophone de préférence, arabisant si possible et possédant une minimum d'expérience de l' AFN. Dès lors, on fit appel aux Départements de la Guerre et de la Marine qui dégotèrent douze officiers de réserve qui répondaient aux critères ci-avant. Ils furent nommés "assistants techniques" auprès des consulats avec le titre de "vice-consul hors cadre".
Acte 3.
On s'avisa au dernier moment que les douze vice-consuls, officiers de réserve, chargés de mission de renseignements, risquaient de passer comme espion en cas d'arrestation. Ils furent donc démobilisés. Les trois Départements concernés estimèrent dès lors que le salaire des vice-consuls, rendus à la vie civile, ne leur incombait plus. Ce fut finalement les "Fonds de réserve" du président Roosevelt lui-même qui prirent en charge l'aspect financier de l'opération.
Pour conclure: désignés par le Département d'Etat, recrutés dans les Départements de la Guerre et de la Marine, payés par le président Roosevelt, les vice-consuls exercèrent leurs activités sous la direction de Robert Murphy. Ce dernier portait le titre de "conseiller d'ambassade" ainsi que de "haut commissaire" américain en AFN. Ajoutons pour simplifier l'organigramme, que Murphy, bien qu'attaché au Département d'Etat, ne rendait compte qu'à Roosevelt qui le considérait comme son "envoyé spécial". Simple n'est-il pas?
Intermède.
Les services de renseignement américains en AFN étaient quasi inexistants. Les quelques fonctionnaires d'ambassade chargés de la collecte de renseignements se querellaient entre-eux ou rivalisaient en luttes intestines avec leurs collègues anglais dont ils dépendaient largement pour la transmission des données. Le climat était à ce point délétère que Murphy estima que ces querelles bureaucratiques lui causèrent plus d'ennuis que les Allemands eux-mêmes.
Il était urgent d'y remédier. C'est ici qu'entre en lice Laurent Boussaton (merci Laurent):
Acte 4.
Le général Donovan et son principal assistant en Afrique, le colonel William Eddy, élevé en Moyen-Orient et excellent arabisant, saisirent l'aubaine et mirent le grappin sur ces douze collaborateurs potentiels - nos vice-consuls hors cadre - malgré, comme le souligne Murphy, qu'ils ne soient même pas capables de distinguer, par temps clair, un sous-marin d'un porte-avions. Ils furent pourtant à la base du COI et ensuite de l'OSS au sein duquel ils rendirent d'appréciables services. Efficacité US ?
Epilogue.
Nos douze "apôtres" méritent le titre d'apôtres.
Nota bene toute de même: les Français les considéraient plutôt comme des "Juda".
Bien cordialement,
Francis.