Bonjour,
A l'écriture communo-gaulliste de cette période sombre de notre histoire, a fait place une volonté évidente de réhabiliter les négociateurs de l'armistice, voire Pétain lui-même.
Que l'on remette en cause certains contes et légendes de la seconde guerre mondiale en France, je n'y vois pas d'objections, au contraire. Je suis le premier à me réjouir de la publication d'essais, d'articles, d'études et de biographies sérieuses qui sont régulièrement proposés ici comme sujets de discussion. (De Maurice Rajsfus à Henri Guillemin, Livres de Guerre présente les auteurs les plus singuliers). Mais le papier de Louis-Christian Michelet ne s'inscrit pas dans les genres ci-dessus, puisque comme vous l'écrivez, c'est une volonté évidente de réhabiliter les négociateurs de l'armistice, voire Pétain lui-même. qui s'exprime ici. C'est donc un papier hagiographique et ultra-partisan qui ne répond à aucun critère du sérieux historien et qui souffre des mêmes manques que "l'écriture communo-gaulliste" que vous déplorez en Histoire.
Plus inquiétant, pourquoi cette précision "communo-gaulliste", alors que c'est visiblement et une nouvelle fois toute la lecture républicaine et humaniste de l'Histoire contemporaine depuis 60 ans qui est attaquée dans cet article ?
La rédaction d'Histoire de Guerre aurait-elle été le théâtre d'infiltrations idéologiques par des "taupes" néo-vichystes... On sait que certains groupes pratiques l'entrisme auprès des médias républicians pour tenter d'y diffuser leur discours révisionniste.
Quant à cet argument (?), Et pour finir, il ne faut pas perdre de vue qu'avant d'être un passionné d'histoire, je suis un commerçant et que mon but premier reste de faire prospérer les ventes d'Histoire de Guerre ;-), j'ose espérer que la vie économique d'une revue - et sa prospérité future - ne dépendent pas d'un lectorat nostalgique de Pétain. Depuis un certain deuxième tour aux élections présidentielles françaises, ce type d'argument a de la peine à passer, à moins que le mot déontologie soit définitivement rayé des rapports marchands.
Bien cordialement,
RC
PS : Une petite remarque encore. Dans son "Histoire égoïste" (Folio), l'écrivain Jacques Laurent, antigaulliste viscéral mais vrai styliste, s'en prenait à la "lecture communo-gaulliste" de l'Histoire, seulement il maîtrisait un élément totalement absent du papier de Michelet : l'humour ! Un avantage incomparable chez cet esprit malicieux et iconoclaste dont je ne partageais pas certains des choix de jeunesse mais qui réjouissait l'amoureux des lettres françaises que je suis. |