Bonjour,
Il est aujourd'hui encore difficile de trouver des éléments prouvant qu'une résistance organisée et efficace s'est effectivement développée au sein de la police - je devrais écrire des polices - de Vichy AVANT l'insurrection parisienne du mois d'août.
Poursuivant son recensement des résistances dans son essai polémique mais nécessaire La Libération inconnue, Maurice Rajsfus aborde un sujet visiblement gênant puisqu'il fut mythifié ou plus simplement escamoté dans la plupart des ouvrages consacrés aux années noires et à Vichy : la résistance de la police de Vichy.
Sans hésiter, il écrit dès la première ligne de son chapitre :
La police française aurait résisté. C'est là une risible légende dont il convient de faire justice. Même si, le 12 octobre 1944, les quelques 20 000 fonctionnaires de la préfecture de Paris ont été décorés, collectivement, de la Fourragère rouge, pour leur action héroïque, par le général de Gaulle.
Quelques pages plus loin, il revient sur le rôle des forces de police dans l'insurrection parisienne et sur leur "grève". S'appuyant sur un constat d'Armand Carrel qui avait été nommé à la tête du Front national de la police, il écrit :
Pour Armand Carrel, le doute n'est pas permis : les policiers, tard venus à cette contestation, étaient des résistants très approximatifs, uniquement soucieux de leur survie professionnelle - une masse de manœuvre peu fiable, finalement. "Il est certain que s'il n'y avait pas eu, au même moment, ce bouillonnement, cette préparation de l'insurrection un peu partout dans la région parisienne, les policiers auraient repris le travail. Il ne faut se faire aucune illusion là-dessus. Or, ils se sont trouvés mêlés, par la force des choses, au mouvement d'ensemble, et le 18 août au soir, les éléments les plus patriotiques se sont enfermés dans la préfecture de police." Il convient d'être clair : enfermés ne signifie nullement entrés en insurrection. D'où toute l'ambiguïté qui allait suivre sur le "coup de force héroïque" des policiers parisiens. (p.127 et 136)
Deux acteurs ont favorisé cette intégration d'une police compromise avec Vichy et avec l'occupant à la geste résistante : Charles de Gaulle après l'insurrection et avant lui... Henri Rol-Tanguy ! En effet, c'est le chef des FFI de Paris qui poussa par tracts et grâce à ses contacts avec certains agents de liaison auprès de commissariats dirigés par les quelques policiers résistants à la grève. Les Allemands avaient voulu désarmer les commissariats de la banlieue nord, car ils redoutaient que les milices patriotiques puissent s'emparer de leurs armes. Ce fut le prétexte à l'appel à la grève, ainsi que le mentionne Maurice Rajsfus, toujours selon le récit d'Armand Carrel.
Bien cordialement,
RC |