Bonsoir,

Dans ses entretiens avec Martin du Gard, on se souvient avec quel mépris le gouverneur Boisson traitait les élites noires : Nostalgie coloniale et racisme ordinaire?

Écoutons plutôt le général Catroux lorsqu'il brosse le portrait de Félix Eboué, l'un des premiers Compagnons de la Libération :

"Son titre impérissable à l'admiration des Français restera d'avoir été le seul gouverneur de nos possessions qui ne se soit pas incliné devant la capitulation et qui, repoussant les sophismes de Vichy, ait maintenu sa colonie dans le combat.
Il est plus qu'aucun autre isolé, il n'était pas informé; ses chefs lui avaient prescrits de s'incliner; autour de lui, beaucoup tendaient à se soumettre. Il a pris sa décision tout seul, sans balancer, parce que l'honneur de son pays l'exigeait, parce que la France ne pouvait pas déchoir, et parce qu'il jugeait que le devoir des Français, était de rester fidèles à leur grande histoire.
Ce fils de France, qui était un homme de couleur, s'était incorporé les énergies et les vertus de son pays au point de n'admettre aucune transaction avec les impératifs nationaux. Et par son geste de refus, il a acquitté envers la France tout ce que lui devaient les Antilles où il était né et la race dont il était issu.

La synthèse impériale s'est faite en la personne de Félix Eboué. De Gaulle ne s'y est pas trompé, qui fit de lui le Gouverneur Général de l'Afrique Équatoriale et qui, dans la suite, prêta tant d'attention à ses avis lorsque la conférence de Brazzaville dessina la structure de l'Union Française. Mais si Eboué bâtissait pour l'avenir, l'homme d'action qu'il était s'attaquait avec une volonté lucide aux problèmes de l'immédiat, ceux de la guerre qu'il fallait gagner. Il fallait que l'Afrique Équatoriale devint la base territoriale, humaine et économique où la France Combattante puiserait son droit, sa force et son élan, où la stratégie alliée trouverait un point d'appui pour la bataille de la Méditerranée. C'est à cette tâche qu'Eboué se donna sans réserves. Et c'est sous son impulsion que sa colonie reçut son équipement en routes, en aérodromes et en ports, qu'elle livre ses matière premières et qu'elle envoya dans les batailles des valeureuses armées.

Ce fut un très grand Français."

Bien cordialement,
Francis.