Bonsoir,
Je me demandais si la période de "l'illusion lyrique" durant laquelle Jean De Lattre régna sur l'Indochine fut réellement les mois d'un espoir d'une solution militaire ET politique possible.
Le charisme du Haut-Commissaire et Commandant en chef y fut certainement pour beaucoup et il sut regonfler ses officiers, mais il n'avait pas plus de moyens que ses prédécesseurs, même si on peut penser qu'il sut mieux les utiliser.
Mais je m'étonne tout de même du syndrome Maginot qui contamina un général connu pour son sens du mouvement : il ordonna de bétonner la frontière de Chine... Curieux... ? Espérait-il, en cas d'attaque de l'armée rouge chinoise venue soutenir Giap, que les Américains interviendraient massivement et que ses bunkers et casemates permettraient à ses bataillons de tenir la frontière le temps que les marines débarquent et contre-attaquent... ? Il fit une tournée aux USA pour "vendre" son concept de la barrière anti-communiste en Asie du Sud-Est , avec l'Indochine comme pointe avancée et il obtint des promesses et du matériel. Mais là encore, sans un choix déterminé des ministres à Paris, tout "Roi Jean" qu'il fut, aurait-il vraiment pu inverser le processus de libération nationale-communiste et instaurer le régime de cohabitation au sein de l' Union française rénovée qu'il souhaitait. Il avait prévu une autonomie politique pour le Vietnam, mais Bao Dai, l'empereur sans pouvoir, ne voulut pas être le super-pion sur l'échiquier de De Lattre et se replia dans son rôle d'otage confortable entretenu par la IVe République... Il ne croyait plus à la parole des politiques français.
Alors, sans donner dans le "Et si... ?", l'intermède du "Roi Jean", son activisme inspiré, s'il a donné d'authentiques victoires au Corps Expéditionnaire ne fut-il qu'un dernier embrasement spectaculairement mis en scène par le plus flamboyants des chefs de l'armée française avant la défaite ou contenait-il une sortie du bourbier possible plus digne et moins sanglante... ?
Cordialement,
René Claude |