Je sais que les témoignages sur ce qu'on savait et ce qu'on ne savait pas sont multiples et contradictoires. Papon dit qu'il savait, et Raymond Aron ou Robert Badinter qu'ils ne savaient pas. Ce dernier était persuadé qu'il retrouverait son père à la fin de la guerre. Et puis deux choses différentes sont les massacres et le génocide organisé. Des massacres, il y en a souvent eus, en particulier en Orient, comme ceux des Turcs sur les Arméniens ou les Kurdes, ceux des Japonais sur les Chinois ou des soviétiques sur les Polonais. Le génocide organisé -et on pourrait même dire "industrialisé"- fut une nouveauté absolue et c'est ça qu'on a ignoré jusqu'à la fin, pas les massacres qui, en particulier en Ukraine et dans les Balkans, furent révélés à trois chancelleries : le Chili, le Vatican, la Slovaquie, (dit Hilberg).
Par exemple, Pétain savait les massacres, puisqu'il dit à Maurice Martin du Gard, à l'été 44 (de mémoire) : "Et les Juifs ? qu'est-ce qu'ils seraient devenus sans moi ? Je connais les Boches, ce sont des sadiques. Ils sont capables de tout".
Le mot génocide, courant et abusivement employé aujourd'hui, était inconnu à l'époque. La chose, plus encore.
Quant au NYT, pas étonnant qu'on n'ait pas su ce qu'il savait, puisque, de l'aveu même de Nicolas Bernard, il n'a pas publié son information.
Chercher à savoir ?
Certes, mais comment ? "Cher M. Oberg, les juifs que vous déportez, est-ce bien pour leur faire faire du jardinage que vous les emmenez ? Ne serait-ce pas plutôt pour les tuer ?"
Vous parlez sérieusement ?
Le seul recours d'un gouvernement fantoche c'est la diplomatie. Ne jamais provoquer le tigre qui dort. Ne pas lui tirer la moustache ! |