Copié-collé en chaîne ? (de Faurisson à Garaudy) - Histoire du négationnisme en France - forum "Livres de guerre"
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Edition du 21 décembre 2009 à 21h39

Histoire du négationnisme en France / Valérie Igounet

En réponse à
-1Valérie Igounet répond aux internautes de Francis Deleu

Copié-collé en chaîne ? (de Faurisson à Garaudy) de Nicolas Bernard le lundi 21 décembre 2009 à 21h28

Ainsi que je l'avais déjà indiqué, il est arrivé à "Jean", administrateur du forum France en Guerres, où se sont réunis un quarteron de contributeurs d'extrême droite, de véhiculer des poncifs négationnistes. Par ignorance ? Peut-être.

C'était du moins cette question qui avait motivé mon deuxième message adressé à ce contributeur, lui rappelant qu'il avait étrangement décliné les bilans mortuaires d'Auschwitz tels que formulés depuis 1945 par ordre décroissant, et pas chronologique.

Je cite, de nouveau, son message tel que posté le 18 août 2009 sur son propre forum :

Même tous les "historiens", réputés sèrieux, ne sont pas d'accord sur les chiffres de l'Holocauste.
Si on s'en tient aux chiffres donnés sur le nombre de morts d'Auschwitz, par exemple:

- le film d'Alain Resnais "Nuit et Brouillard", en 1955, donnait le chiffre de 9 millions.
- L'Office Français d'Edition, 1945, dans ses "Documents pour servir l'Histoire de la guerre. Camps de concentration." donne le chiffre de 8 millions.
- Le rapport soviétique présenté au Tribunal de Nuremberg et considéré comme preuve, évaluait à 4 millions le nombre de victimes.
- Dans son "Bréviaire de la Haine", l'historien Léon Poliakov, rectifie à 2 millions. Editeur Calmann-Lévy, 1974.
- Raul Hilberg, dans la "Destruction des Jiuifs d'Europe", nous donne le chiffre de 1 million 250.000.

Qui a raison ?

Les références citées ne sont pas des références d'auteurs "révisionnistes", au contraire !


Cette déclinaison décroissante, et non pas chronologique, est pourtant un tic négationniste improvisé en 1995 par... Robert Faurisson (cf. Robert Faurisson, "Combien de morts à Auschwitz ?", 1995, reproduit dans Robert Faurisson, Ecrits Révisionnistes 1974-1998, vol. IV, Edition privée hors commerce, 1999, p. 1730-1740). Ce dernier a, comme d'habitude, effectué ce que Gilles Karmasyn a appelé "une présentation perverse, et par certains aspects frauduleuse" de l'historiographie consacrée à Auschwitz, et notamment aux évaluations de son bilan mortuaire.

L'objectif de Faurisson était de compiler travaux d'historiens, témoignages, films, documents judiciaires, sans aucun souci de poser le contexte, ni de hiérarchiser ces sources, de manière à faire croire que les historiens du génocide étaient peu à peu passés d'un bilan de... neuf millions de morts à Auschwitz à quelque 150.000 morts (bobard négationniste traditionnel). D'où une déclinaison décroissante, et pas chronologique, de sa part, mélangeant allègrement les dates et les genres - on appréciera la finesse du procédé, qui prouve plus que jamais que cet escroc prend ses lecteurs pour des imbéciles.

En vérité, plus d'un million de déportés ont été assassinés à Auschwitz, bilan établi depuis longtemps par les spécialistes.

Or donc, Faurisson jette à la figure de ses lecteurs une trentaine d'évaluations diverses et variées, dans l'ordre décroissant. Nous n'en retiendrons que cinq, énumérées ainsi :

9.000.000 de personnes, selon le film documentaire Nuit et Brouillard (1955), dont les conseillers historiques étaient l'historien Henri Michel et l'historienne Olga Wormser ;

8.000.000 de personnes, selon l'Office français de recherches des crimes de guerre et le Service français d'information des crimes de guerre (1945) ;
[...]

4.000.000 de personnes, selon un document soviétique auquel le tribunal de Nuremberg a donné valeur de "preuve authentique". Ce chiffre a été inscrit dix-neuf fois, avec un commentaire en autant de langues différentes, sur le monument d'Auschwitz-Birkenau.
[...]

2.000.000 de personnes, selon l'historien Léon Poliakov (1951) ;
[...]

1.250.000 personnes environ, dont 1 000 000 de juifs tués et plus de 250 000 non juifs morts, selon l'historien Raul Hilberg (1985).
[...]


Ce faisant, cette présentation demeure, par endroits, parfaitement frauduleuse.

Ainsi, prétendre que le film Nuit et Brouillard établirait à neuf millions le nombre de déportés ayant péri à Auschwitz constitue une falsification disséquée ici par Gilles Karmasyn.

De même l'ouvrage Camps de concentration, a été réalisé en 1945 par Eugène Aroneanu, et constitue en fait une série de témoignages sur les camps, éditée par l'Office français d'édition. Les statistiques qui y sont formulées (huit ou sept millions de victimes) ont d'autant moins de valeur scientifique que ce livre a été rédigé "à chaud", peu après la libération du camp.

Même falsification de la réalité, l'allusion aux plaques soviétiques apposées à Auschwitz et fixant à quatre millions le nombre de victimes de ce camp - voir cet article de Gilles Karmasyn.

Quant aux deux historiens, Poliakov et Hilberg, ils sont ajoutés dans ce magma sans souci de rigueur (et pour cause)...

Il se trouve que cette présentation frauduleuse de Faurisson a été recyclée par ses adeptes. A cet égard, Roger Garaudy, dans Les Mythes fondateurs de la politique israélienne (ouvrage qui se borne à recopier les mensonges de Faurisson, sans que Garaudy n'ait véritablement cherché à travailler, c'est à dire falsifier, par lui-même), reprend une partie du tableau dressé par son maître-escroc :

Pour le seul camp d'Auschwitz-Birkenau :
-- 9 millions disait, en 1955, le film d'Alain Resnais
Nuit et Brouillard, par ailleurs fort beau et profondément émouvant ;
- - 8 millions selon les
Documents pour servir l'Histoire de la guerre. Camps de concentration., Office français d'édition, 1945, p.?
-- 4 millions d'après le rapport soviétique auquel le Tribunal de Nuremberg a donné valeur de preuve authentique en vertu de l'article 21 de ses statuts qui stipulaient:
"Les documents et rapports officiels des commissions d'enquête des gouvernements alliés ont valeur de preuves authentiques". Ce même article 21 proclamait : "Ce tribunal n'exigera pas que la preuve des faits de notoriété publique soit rapportée. Il les tiendra pour acquis."
-- 2 millions selon l'historien Léon Poliakov, dans son
Bréviaire de la haine, Calmann-Lévy, 1974, p. 498.
-- 1 million deux cent cinquante mille, selon l'historien Raul Hilberg dans
La Destruction des Juifs d'Europe, Edition en anglais, Holmes and Mayer, 1985, p. 895.


On voit que Garaudy a fait oeuvre... disons, synthétique, ajoutant le traditionnel bobard faurissonien sur l'article 21 des Statuts du Tribunal de Nuremberg (voir la réfutation de Gilles Karmasyn). Possédant sans doute lui-même Le Bréviaire de la Haine de Léon Poliakov, dans son édition de 1974, il procède à cette seule modification de la référence citée par Faurisson (qui fait allusion à la version 1951 du Bréviaire de la Haine).

Or, le lecteur aura constaté que cette présentation de Garaudy, recopillant Faurisson, est absolument identique à celle formulée par "Jean", lequel a notamment conservé la modification garaudyesque de la référence à Léon Poliakov.

Cette analogie proprement remarquable se retrouve même dans le jugement de valeur qui précède et suit le tableau :


Garaudy. - L'assassinat d'un seul innocent, qu'il soit juif ou qu'il ne le soit pas, constitue déjà un crime contre l'humanité. Mais si le nombre des victimes n'a, à cet égard, aucune importance, pourquoi s'accrocher, depuis plus d'un demi-siècle au chiffre fatidique de six millions, alors qu'on ne considère pas comme intouchable le nombre des victimes non-juives de Katyn, de Dresde ou d'Hiroshima et de Nagasaki, pour lesquelles il n'a jamais existé de nombre d'or, contrairement au chiffre de six millions qui a été sacralisé, bien qu'il ait fallu constamment réviser à la baisse ce nombre d'une seule catégorie de victimes, dont les injustes souffrances ne sont pas contestables.

Jean. - Ensuite que parce que pour moi, et là encore je me répète, il n'y aurait eu qu'un mort, juif, chrétien ou athée que c'était un mort de trop. [...] L'important n'est pas dans une écoeurante bataille de chiffres, il est dans le fait qu'un jour, des hommes décidèrent d'exterminer d'autres hommes, qui n'appartenaient pas à la même religion à la même ethnie, à la même race, ou à la même idéologie qu'eux. Point.


Naturellement, là où Garaudy conteste le bilan, pourtant bien établi, de la "Solution finale", "Jean" n'en fait rien, mais leurs protestations d'humanité révèlent tout de même une fort curieuse ressemblance.

"Puis-je connaître la véritable source de vos affirmations, à propos de ces chiffres que vous déclinez par ordre décroissant, et pas chronologique ?, demandai-je à "Jean", qui répondit par une pirouette : "Mais cher ami, les mêmes sources que les vôtres !" "Maintenez-vous cette affirmation ?" demandai-je, pour lui laisser une dernière chance. "Je confirme !", affirma-t-il.

Bref :

1) Robert Faurisson a pondu un texte négationniste procédant à une présentation frauduleuse de l'historiographie du génocide ;

2) Roger Garaudy a repris à son compte cette présentation frauduleuse, pour n'en retenir que quelques points, ce qui reste du plagiat digne de l'incompétence de cet auteur ;

3) "Jean" a publié une présentation de l'historiographie du génocide conforme au mot près à celle réalisée par Garaudy copiant-collant Faurisson, et ce sans citer sa véritable source.

Et ce après avoir remis en cause les capacités des crématoires nazis.

Joyeux Noël, "Jean"...

*** / ***

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