Le mot est important. Nous ne sommes pas (encore) dans la lèche, mais bien dans la concurrence. Le discours n'est pas clairement antisémite, en revanche il est clairement de droite, anti-républicain, hostile au suffrage universel. Cet ennemi qui se cherche une clientèle, c'est le nazisme plébéien et révolutionnaire, de surcroît acoquiné avec les Soviets. Vivent les vieilles hiérarchies, les corporations, les mâles, la famille, l'autorité !
Pas un mot sur la guerre : elle est derrière. On espère que l'Angleterre va céder bien vite, ne serait-ce que pour prouver que "notre" armistice doit tout à la nécessité et rien à la femellitude. Donc le traité de paix est proche, et il s'agit que les réacs prennent fermement le pouvoir pour "reconstruire", en chassant et même en châtiant les salopards en casquette, et leurs élus. Mais pas un mot de la guerre, non plus, pour en vouloir à ceux qui l'ont déclarée.
En trois semaines, Abetz va faire accomplir bien du chemin, aidé par Mers el-Kébir (3 juillet). Mais il faut préciser qu'alors Weygand ne sera plus en pointe, et ne démordra jamais (sinon pendant une dizaine de jours après MeK) de la caractérisation de l'Allemagne comme "l'ennemi".
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