Diffusé en français à l’intention de la France occupée, Radio-Londres émettait à mon avis, entre 19 h et 19h 30 et dès 1940.
Il y avait plusieurs millions de postes de TSF en 1940 ; c’est dire que nous connaissions bien De Gaulle et la France libre.
Malgré le brouillage des Allemands, en plaçant l’oreille près du poste ( les familles se groupaient autour) et pour la plus part des installations, nous pouvions suivre l’émission à peu près.
Au départ l’émission commençait comme ceci : « Français, Française, aujourd’hui Xèmè jours de la lutte du peuple français contre l’oppression »
Suivait ensuite la première strophe de la 5 ème symphonie de Bethoven suivi de « Chantez le V » comme victoire.
Enfin l’émission pouvait commencer.
Les nouvelles étaient brèves : par exemple « Monsieur Mackensie king (1er ministre du Canada), monsieur Winston Churchill et monsieur Franklin-Delano Roosvelt se sont réunies au château Fontenac au Québec pour discuter des problèmes de l’heure * » (expression employée à cette époque )
Ou encore : « Le général De Gaulle et monsieur Winston Churchill ont eu un entretien particulier… » Pas plus.
Suivaient ensuite les nouvelles des divers fronts : « Les combats font rage sur le Niepr où les divisions allemandes ont reculé pour former une nouvelle ligne de front » ou bien « l’armée américaine qui à débarqué à Anzio (Italie) s’accroche contre les divisions allemandes » On pouvait ainsi suivre sur la carte et montrer que l’Allemagne reculait partout.
Venait ensuite la chronique de Maurice Schumann qui de sa belle voie venait nous exhorter à tenir le coup. Plusieurs centaines d’articles au cours de ces 4 années
Puis c’était Pierre Dac qui , sur l’air de la « chucaratcha » nous entonnait ;
« Radio Paris ment
Radio Paris ment
Radio Paris est allemand »
Enfin c’était les « messages personnels », c’est à dire les messages pour les résistants auxquels nous ne comprenions rien « Les cerises seront mûres la semaine prochaine… »
Cette émission durait une demi-heure.
Et puis un jour sortant du lycée vers midi et quart, ma mère m’attendait au bout de l’impasse ( rue Beauséjour) à Chateauroux, ce qu’elle ne faisait jamais. Est-il arrivé quelque chose à mon père. Je fonçais avec mon vélo. Ma mère m’a dit à voie basse : « Ils ont débarqué » C’était le 6 juin 1944.
* Cette réunion était capitale, elle a décidé que les alliés débarqueraient en Europe. Il y a une plaque apposée sur le mur du Château Frontenac au Québec. Bien entendu cette nouvelle complètement anonyme est passée inaperçue à nos oreilles |