C'est vrai que depuis 1945, on a versé... inondé les librairies, les maisons de la presse, les quais de gares, avec des récits plus souvent en pipeau-bazar qu'en véritable témoignage.
Ca avait commencé avec les Gretchen en uniforme de KH Helms-Liesenhoff, plusieurs titres parus, avec ou sans uniformes. Ca ajoutait un petit piment érotique.
On a même eu Louis Charles Royer, vétéran de la prose libertine, qui nous a servi un "Haras humain"
Ensuite sont venus les témoignages plus ou moins véridiques
Berthold, Hassel, Konsalik.
Le seul a surnager, qualitativement, fut Hans Helmut Kirst, dont de nombreux titres ont été portés à l'écran: les trois 08/15, la fabrique des officiers, la nuit des généraux.
Ensuite, aprés le pipeau germain est venu le pipeau français. De même qu'il y avait eu de faux romans noirs américains rédigés par des Français, il y eut des souvenirs de combattants allemands "traduits de l'allemand par François Pignon" (exemple). L'auteur restait en coulisse, dans le rôle du traducteur.
NOus avons tous, en notre temps succombé à l'attrait de ces allemands à la sensibilité et réactions si proches de nous, même s'ils étaient SS de la Viking, ou pilote de Messerschmitt 109.
C'était le temps des rêveurs hérétiques oubliés.
Ensuite, sont venus les historiens engagés, férus de réhabilitation, délivrant le message de l'erreur tragique des Alliés, qui avaient combattu la "première force européenne" qui se soit dressée contre l'hydre bolchevique.
Mais s'il y a eu tant de gens pour écrire, plus ou moins bien, sur ce sujet, c'est bien qu'il y avait des gens pour acheter ces livres.
Décennie aprés décennie, comme les vagues de la mer, on a effacé les détails gênants, bâti un mythe acceptable, à l'usage des générations futures.
C'est peut être le prix à payer pour une Europe unie et pacifiée.
- Pacifiée? Vous avez dit pacifiée?"
- Moi? J'ai dit pas s'y fier? Comme c'est bizarre!" |