Merci Laurent pour le lien vers les surprenantes tribulations de Jacques Dugé de Bernonville.
Ajoutons une petite touche pour ceux qui doutent encore des liens qui unissaient la Milice au régime à Pétain !
- Le 6 juillet 1944, peu après la fin du maquis des Glières, Bernonville (ainsi que Vaugelas et Dagostini), trois chefs miliciens "prestigieux" (sic) qui ont permis de remporter la "victoire" (sic) des Glières, sont cités à l'Ordre de la Nation. [1]
- En avril 1944, Bernonville est chargé, dans le Vercors, de la traque des maquisards. Préalablement, il fait désarmer toutes les brigades de gendarmerie de la région. Fureur du préfet de l'Isère qui, de sa plus belle plume, fait rapport à Vichy :
Bernonville ayant assuré au préfet qu'on lui avait dit a Vichy que "les gendarmes des brigades de montagne étaient susceptibles de prévenir le maquis des mouvements des miliciens", le commandant outré réplique :
*** ... une telle accusation sans aucune précision est grave car elle met en cause la loyauté et l'honneur de la gendarmerie toute entière. ***
L'officier ajoute : *** J'ai servi pendant quatre années en zone occupée et je n'ai jamais vu les soldats allemands désarmer un seul gendarme français servant sous ses ordres. *** [2]
Il n'est pas étonnant que Robert Paxton [2], citant Rita Thalmann [3] à propos des troupes allemandes chargées du maintien de l'ordre:
*** Rita Thalmann avait donc quelque raison de se demander, en 1991, comment la "mise au pas" d'une nation de 45 millions d'habitants "avait pu atteindre de telles proportions en si peu de temps avec des effectifs ne dépassant pas 40.000 hommes [4], même après l'occupation de la zone dite libre" ***
Ben oui! La police, la gendarmerie et, plus tard, la Milice assumaient le maintien de l'ordre avec zèle et "loyauté".
Bien cordialement,
Francis.
[1] Pierre Giolitto, Histoire de la Milice.
[2] Robert Paxton, La France de Vichy.
[3] Rita Thalmann, La Mise au pas : idéologie et stratégie sécuritaire dans la France occupée. (ouvrage cité par Paxton)
[4] Le chiffre de 40.000 hommes est contesté par quelques spécialistes des troupes d'occupation en France. A mon avis, il y a lieu de faire la distinction entre l'armée d'occupation, parée à faire face au débarquement, et les unités affectées au maintien de l'ordre. |