Bonsoir,
Alors que certains de nos élus souhaiteraient remettre la délation à l'honneur sans en mesurer les conséquences, il est bon de rappeler ce fléau qui sévissait en France (et en Belgique dans une moindre mesure) pendant la Seconde Mondiale.
Même "Les Nouveaux Temps", la gazette collaborationniste, dirigée par Luchaire, s'en inquiéta.
Dans un article du 23 décembre 1940, sous le titre "Le temps de la délation" :
*** Une des tristesses de l'époque présente, c'est que le mouchardage y sévit. Trop de nos contemporains croient se venger du malheur du temps en dénonçant leurs ennemis, et s'ils n'ont pas d'ennemis, leur camarade de bureau, leur voisin de palier ou leur concierge.
Nous n'avons pas besoin d'écrire que les autorités [il faut comprendre : l'occupant allemand] reçoivent, à leur grand dégoût d'ailleurs, des piles de lettres de dénonciation.
Il paraît que c'est un déluge quotidien.
Et quand ces spécialistes n'écrivent pas aux autorités, ils écrivent aux journaux, faute de pouvoir écrire au président de la République ! ***
Le temps de la délation ! En décembre 1940 ! Déjà !
Un autre article publié le 14 janvier 1941 dans le journal "Aujourd'hui" :
*** Le régime déplorable des lettres anonymes, des dénonciations, sévit plus que jamais. Douce France, où donc es-tu ? C'est à croire que chaque Français ne voit plus dans son voisin qu'un ennemi dont il faut se débarrasser. ***
Bien cordialement,
Francis. |