Bonsoir à tou(te)s,
Il y a peu, je déposais le texte du rapport de Karl Jäger, commandant l'Einsatzkommando n°3 :

Que dit ce rapport [*], très détaillé,
antérieur à Wannsee :
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Le commando EK3 est entré en action le 2 juillet 1941 pour accomplir une mission spéciale et assurer la sécurité.
Conformément à mes instructions et à mes ordres, les patriotes lituaniens ont procédé aux exécutions suivantes. ***
Sibyllin comme mission ? Cependant, en fin de rapport, Jäger est tout à fait transparent sur la mission qui lui a été confiée :
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Aujourd'hui, il m'est possible d'affirmer que le EK3 a atteint l'objectif fixé, il a résolu le problème juif en Lituanie. Il n'y a plus de Juifs dans le secteur, excepté les travailleurs juifs affectés à des tâches spéciales ***
Chez Jäger pointe une déception :
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J'avais l'intention de faire liquider ces travailleurs juifs et leurs familles, mais l'administration civile (le Reichskommissar) et la Wehrmacht se sont montrés extrêmement hostiles à ce plan, en conséquence de quoi: il est interdit de fusiller ces Juifs et leurs familles ***
Un peu plus loin, Jäger précise toutefois :
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En ce qui concerne la mission du EK3, je considère que les opérations juives sont pratiquement terminées. On a un besoin urgent des quelques travailleurs juifs restants et je pense que nous en aurons encore besoin à la fin de l'hiver. Il faudrait, à mon avis, déjà commencer à stériliser les hommes afin d'empêcher toute procréation. Si une Juive était enceinte malgré cela, il faudrait la liquider ***
A mes yeux, il est clair que le processus d'élimination des Juifs, tsiganes .... étaient en cours, avant Wannsee, sur des cibles/témoins ou des cibles/test ou des échantillons (dirait-on en terme de management). D'autres
Einsatzkommando avaient reçu des missions similaires. La Wehrmacht prêta souvent main forte aux SS pour exécuter les criminelles besognes. Les responsables locaux, civils et militaires, n'étaient ni aveugles, ni sourds. Heydrich surveillait les opérations de très près (pas trop physiquement car saisi de malaise devant l'horreur). Est-il est concevable que les nombreux exécutants et surtout leurs supérieurs ne se soient pas imaginé un seul instant que ces exécutions massives au niveau local, ne se reproduisaient pas au niveau du "grand Reich" ou n'était pas le prélude à leur généralisation.
Wannsee, à mon sens, n'était-il pas une réunion d'
évaluation du processus d'extermination qui avait cours au niveau local... avant la mise en oeuvre des moyens industriels et logistiques à grande échelle ?
Bien cordialement,
Francis.
[*] A propos du degré de confidentialité des rapports ! Cinq exemplaires indiqueraient-ils une diffusion du document volontairement limitées ? Non ! Les ordinateurs et les traitements de texte n'existaient pas en 1940. Les "vieilles tiges" se souviennent encore de la force de frappe qu'il fallait exercer sur le clavier des machines à écrire (qui n'étaient pas encore électriques) pour rédiger leur thèse ou leur mémoire de fin d'études en 5 exemplaires lisibles. C'était le maximum possible !