Le dernier post de Nicolas est intéressant, et je le recommande à qui essaye sincèrement de comprendre notre désaccord.
Il y a dans sa démarche un excès de juridisme et par voie de conséquence un déficit d'histoire. Il présente un dossier qui se tient très bien, qui est tout à fait plaidable : les participants à la conférence sont informés par la phrase sur "les valides", augmentée de l'aveu qu'on appliquera en fin de parcours un "traitement spécial" aux Juifs qui auront survécu à tout le reste, de la totalité du processus intitulé "solution finale". Les ellipses et détours du compte rendu sont expliqués par le fait que le texte est largement diffusé (certes les documents ne parlent que de 30 exemplaires, soit environ un pour chaque participant et son ministre, tirage typique d'un document confidentiel) mais bon, il y a des historiens très sérieux qui disent que chacun a été lu par 4 ou 5 personnes, allons, ça ira ! Pour couronner le tout, le témoignage d'Eichmann lors de l'instruction de son procès (1961). C'est 20 ans plus tard, ça sert à merveille son système de défense de dire que tout le monde était au parfum et qu'on a parlé précisément des exécutions ? Broutilles que tout cela. Il y a le témoignage d'Eichmann, il est clair, il va dans notre sens, point-barre.
Là-dessus se pointe un empêcheur de faire de l'antinazisme bien-pensant en choeur. Manque de bol, il découvre un détail que personne n'a vu : le passage sur les valides, précisément. Vite on l'intègre au dossier, mais on tape à coups sourds sur le découvreur. Sinon, on est sur la pente glissante. On va être obligé de reconnaître que Heydrich parle à demi-mot, met subtilement le doigt dans l'engrenage à une partie des présents, lesquels peuvent croire (en laissant le plus gênant aux lisières de leur conscience) qu'on ne leur demande que de rafler et de mettre au boulot de la main d'oeuvre en temps de péril national.
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