Vous me direz si j'ai tout faux, mais il me semble que les vétérans de la France libre et de façon plus générale les survivants des opérations militaires de la WW2 utilisent leur droit de parole plus aisément depuis 10 ans que durant les 50 années précédentes.
C'est un docu consacré au D-Day diffusé dans les Mercredis de l'Histoire (ARTE) la semaine passée qui me pousse à écrire ça :
L'histoire du jour le plus long, réalisé par Sebastian Dehnhardt et Manfred Oldenburg, Allemagne, 2004. (co-prod. ARTE/ZDF)
Dans ce film bien conçu, des vétérans alliés de juin 44 mais également des troupiers de la Wehrmacht en position sur les plages du Mur de l'Atlantique, à Omaha notamment, s'expriment librement et avec beaucoup d'émotion face à l'objectif. On est loin des déclarations un peu langue de bois du genre "Ach, la guerre, gross malheur ... !" ou "J'ai fait mon devoir sans discuter." qui sont majoritaires dans la série Les Grandes Batailles. Il aura fallu 60 ans pour que ces vétérans retrouvent leur parole d'hommes traumatisés par la brutalité des combats. Ils disent l'angoisse sur les bateaux, la peur, les copains descendus ou salement amochés à côté d'eux, etc.
Vous me direz qu'il est très tard car ces troupiers ont plus de 80 ans, ce qui laisse peu de temps pour intégrer leurs récits à des livres et des docus. C'est vrai mais leur parole en est d'autant plus rare et forte. Pour cette génération, l'ordinateur et le virtuel ne sont pas une pratique évidente, alors qu'elle l'est davantage pour les vétérans des guerres coloniales.
La collecte de leurs témoignages est néanmoins facilitée grâce aux moyens numériques (caméra, magnéto, portables,...) , mais il faut faire vite si on souhaite pouvoir enregistrer et conserver les mots de ces vétérans sans ornements ni langue de bois.
Cordialement,
RC |