Oui, mais au Viet Nam, justement, la désastreuse liberté de diffusion a sapé le moral du peuple américain, et suscité un formidable mouvement pacifiste. C'est "l'arrière" qui a lâché, et les Américains, sans jamais avoir été vaincus sur le terrain, ont dû plier bagage, parce que leur peuple ne les soutenait plus.
Tout d'abord, ce que vous désignez comme "la désastreuse liberté de diffusion" fut longtemps (jusqu'à la première du Golfe) l'honneur de la grande démocratie américaine. Vous auriez préféré des mensonges officiels comme ceux diffusés durant la guerre d'Algérie par la IVe République ? C'est inquiétant et un peu choquant. Et puis, c'est inexact. La TV n'a fait qu'amplifier le bourbier vietnamien dans les foyers américains. Le Pentagone a d'ailleurs reconnu quelques années après la chute de Saigon que l'armée avait perdu au Vietnam surtout à cause d'une mauvaise stratégie politique et militaire. La presse, TV en tête, était très pro-intervention jusqu'en 1966 lorsqu'un reporter de CBS fit son travail de journaliste et non plus de propagandiste en allant filmer sur le terrain des Vietnamiens - l'Amérique découvrit ce jour-là que ce pays était habité ! - dont le village était brûlé sous ses yeux par des soldats US. Le patron de CBS mis en cause par L. Johnson a alors soutenu son journaliste en rétorquant au mauvais procès du Pentagone (déjà) et de la Maison Blanche qu'il faisait son métier.
Pour l'anecdote, les producteurs du docu n'ont pas pu obtenir toutes les archives de CBS, car depuis la prise en main des médias par la "Bush morality", certaines images diffusées librement durant les années 60 ne le sont plus trente ans après ! un comble.
Une dernière remarque plus perso : il est devenu malaisé de discuter avec vous, car vous déposez des points de vue proches parfois de contre-vérités historiques, quand elles ne sont pas les fruits d'à priori idéologiques soutenus par aucune démonstration précise, comme ici dans le cas du rôle de la télé américaine finement analysée dans ce film. Vous répétez des clichés auxquels les plus conservateurs des généraux US ne croient plus depuis 20 ans.
Bien à vous.
RC |