Faut pas pousser mamie dans le fossé ... - Vie et moeurs des G.I's en Europe - forum "Livres de guerre"
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Vie et moeurs des G.I's en Europe / Marc Hillel

En réponse à -3 -2
-1le parti pris anti-américain de arcole

Faut pas pousser "mamie" dans le fossé ... de Thiriel le mardi 21 mars 2006 à 09h52

... elle qui faisait si bien du vélo !

Blague à part, pourquoi adopter (ainsi que Léon Bel) cette posture défensive ? Il ne s'agit pas là d'un procès à charge mais de l'examen d'aspects de toute guerre peu mis en exergue lorsqu'il s'agit des vainqueurs. Les faits ne sont jamais à négliger. C'est leur instrumentalisation qui pourrait être discutable.

Puisque j'évoquais ma grand-mère, voici un petit témoignage normand sur la libération, quelques "propos bruts" recueillis il y quelques mois :

J’ai été St-Loise pendant 24 ans. Je suis née au 3 rue du Creuset, St-Lô. Le 6 juin 1944, je vivais confortablement avec mes parents dans une belle maison au … 5 rue du Creuset. Mon père était « gallochier ». A l’époque, ma sœur aînée et ses enfants étaient venus nous rejoindre pour échapper aux bombardements fréquents dans la région de Rouen. Seul mon beau-frère y était resté pour son travail.

Franchement je n’ai pas le souvenir d’une vie trop difficile pour nous. Il y avait bien plus malheureux. Dans une petite ville normande, les vivres manquaient moins qu’ailleurs. Mais les Allemands avaient réquisitionné tout l’étage de notre maison. En 1940 – 41, le rez-de-chaussée avait également été réquisitionné et nous vivions dans la seule cuisine. J’ai eu une pleurésie cet hiver là.

En 1944, il ne restait que deux officiers allemands chez nous, un vétérinaire et un médecin. En juin, je me souviens qu’il ne restait que le médecin qui occupait tout l’étage. Nous n’avions d’ailleurs quasiment aucun contact avec eux.


Le débarquement ?

On en parlait vaguement sans y croire vraiment. On ne savait pas comment cela pourrait finir. Mon père ne parlait d’ailleurs pas beaucoup de ces choses là. Pendant toute l’occupation, les radios étaient interdites. D’autant plus avec deux officiers allemands à l’étage. Nous avions bien un poste mais il était caché au fond d’un placard. Il a d’ailleurs miraculeusement survécu aux bombardements comme certains de nos meubles.

Nous n’avons pas su tout de suite ce qui se passait. Nous avions bien entendu de vagues bruits lointains dans la nuit du 5 au 6 mais pas plus. Mais à l’aube du 6 juin, vers 6 ou 7h du matin, le médecin allemand, je me souviens de son nom c’était le Dr Menne, est venu chercher ses affaires. Avant de partir, il a demandé à voir mon père et lui à dit en français : « C’est le débarquement. Vous avez des enfants. Ne restez pas là. St-Lô va être bombardée. »

J’ai su ensuite qu’il paraît que des tracts avaient été largués pour prévenir la population. Ils ont du tomber loin de la ville car nous n’en savions rien.

Mon père est allé accompagner à pied ma sœur et ses enfants chez les André, des gens de connaissance de Gourfaleur. Leur fille avait été ambulancière de la Croix-Rouge avec moi en 42 - 43. Des gens biens. Ce qui m’a marqué, c’est qu’ils laissaient leurs propres paires de chaussure à disposition des réfugiés qui fuyaient, parfois à moitié nus, les bombardements.

Puis mon père est revenu et nous sommes restés toute la journée du 6 juin dans notre maison. On entendait des bruits dans le lointain. Nous avons dîné comme si de rien n’était.

Vers la fin du dîner (je me souviens qu’il y avait du riz au lait), nous avons entendu des bruits d’avions, comme pendant toute la journée d’ailleurs, mais plus forts. J’ai regardé à l’extérieur. Le ciel était d’un bleu merveilleux. J’ai vu alors des avions volant en formation en V. Je me souviens avoir pensé : « C’est pas pour nous ». J’ai alors vu à ce moment même des bombes qui brillaient au soleil se détacher des avions. Je m’en souviendrai toujours. J’ai crié et fait venir tout le monde.

Nous nous sommes précipités dans un abri de fortune que mon père avait aménagé dans son atelier, dans « l’étuve ». Les bombes ont explosé tout autour de nous mais heureusement pas sur nous. Du grand arbre qui trônait au milieu du jardin, nous n’avons rien retrouvé qu’un trou. Les vitres étaient soufflées et la toiture endommagée mais la maison était debout.

Je crois que mon père n’avait pas envisagé de devoir partir si vite. Nous avions bien une maison de vacances à Granville, mais, située en front de mer sur la falaise, elle était occupée et nous était interdite. A peine sortis de l’abri, nous sommes partis vers Gourfaleur sans même prendre nos affaires.

Nous y avons retrouvé ma sœur et ses enfants et passé deux jours. Seul mon père est revenu à St-Lô le lendemain récupérer de l’argent et le revolver qu’il avait caché (il était capitaine de réserve).

Puis, les bombardements semblant se rapprocher, nous sommes partis à pied sur les petits chemins avec deux vélos pour porter les enfants et une poussette. Nous ne savions pas où aller et marchions vers le sud. Nous avons marché trois semaines avant de nous arrêter à Baugé dans le Maine et Loire.

Ce n’était pas la première fois. Nous avions déjà vécu l’exode en 1940. Nous avions à l’époque fini dans le Gers. A l’été 44, nous nous arrêtions dans des fermes et ne marchions que quelques heures par jour à cause des enfants. Une fois, pendant le voyage, une bombe a explosé dans un champs voisin et a tué une vache. Heureusement, nous n’avons reçu que des projections de terre.

Une autre fois, quelques jeunes allemands ont voulu nous prendre nos vélos. Nous les avons convaincus de nous les laisser grâce aux enfants, puis nous en avons enlevé les chaînes.

Enfin, nous avons eu une belle peur en croisant une colonne de soldats allemands presque tous à cheval. A notre grande surprise, ils étaient tous ... "jaunes". Mais là encore, il n’y eut aucun problème. Tous les soldats du monde sont attendris en présence de jeunes enfants.

Je n’ai jamais plus habité St-Lô. Un jour, en août 44, nous avons entendu que Baugé était libérée. J’ai pensé que nous allions pouvoir reprendre une vie normale. J’avoue que la libération du pays, ça me passait un peu au-dessus de la tête à l’époque. Mon père a alors décidé de retourner à St-Lô seul. Malgré l’avis de ma mère, je l’ai accompagné.

Nous sommes allés plus vite qu’à l’aller car nous avons fait du stop avec des camions américains qui remontaient sur Cherbourg et même avec un convoi de marins anglais. Comme je parlais anglais, ça marchait très bien. « She talks english ! ». Ils nous ont gentiment ravitaillé, en rations, cigarettes, bonbons, chocolats etc…. Nous avons alors retrouvé notre maison. Les murs étaient toujours là mais elle était en ruine et partiellement pillée. Nous avons pu récupérer quelques meubles et sommes allés voir le centre-ville. Il était détruit et les rues impraticables sauf une voie unique dégagée pour le passage presque ininterrompu des camions.

Enfin, nous sommes allés vivre chez des amis. Mon père s’est rengagé dans l’armée et j’ai travaillé à Granville. J’y étais au moment du débarquement des Allemands de Jersey. J’ai ensuite travaillé à Paris comme secrétaire d’un officier américain. C’est à Paris que j’ai rencontré mon mari et nous sommes venus nous installer à Bordeaux en 1948. J’y suis restée depuis.

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