... mais il ne remit jamais en cause son engagement initial de l'été 1940, lorsqu'il décida de suivre ce général méconnu. Je voulais le préciser car d'autres Français libres se sont estimés déliés de leur contrat de confiance avec de Gaulle lorsqu'il mit en oeuvre le processus qui devait conduire l'Algérie à l'indépendance. Ils se sont sentis trahis.

Note : A propos des intentions du Connétable, en relisant ses déclarations avant même son retour au pouvoir en mai 1958, on se rend compte qu'il parle de "peuples associés" à la France et non de peuples intégrés ou francisés. Pour les observateurs comme Jean Lacouture ou Mauriac, cette nuance n'est pas négligeable car elle exprime la pensée du chef de la France libre après sa "traversée du désert". Mais dans les périodes pré-révolutionnaires, les nuances ne comptent plus ! Sans avoir un programme précis, on verra que s'il tâtonnera en matière de décolonisation, il n'en poursuivra pas moins la recherche d'une autonomie dans l'association, un concept qu'il avait ébauché lors du discours de Brazzaville en 1944. De Gaulle a trop le sens de l'histoire pour croire le colonialisme éternel... L'émergence d'une conscience politique dans des pays que l'on ne définit pas encore comme le Tiers-Monde est une nouvelle donne qu'il ne néglige pas. Le nationaliste de Gaulle comprend les poussées nationalistes des peuples colonisés, même s'il déteste qu'on lui force la main.

Cordialement,

René Claude