Bonjour,
Si des divergences politiques ont pu surgir entre un D'Argenlieu et un Leclerc, par exemple, à propos de la ligne à tenir en Indochine face aux exigences d'indépendance, on se rend compte que le souvenir de l'épopée commune qui reliait jusque là les Français libres, malgré des parcours et des sensibilités très différents, n'a pas résisté aux prises de positions sur le futur de l'Algérie. Cette guerre causa des ruptures définitives. Un Pâris de la Bollardière s'est retrouvé marginalisé à cause de sa position sur la torture et on verra un Soustelle sortir de la légalité pour rejoindre une aile de l'OAS et réclamer l'élimination de de Gaulle soutenu de façon indéfectible par Messmer et Poujet qui n'hésiteront pas à réclamer des peines très dures contre leurs anciens camarades de lutte.
Quant à Massu, au moment de lancer un appel au général le 13 mai 58, il se souvint de l'échange qu'il avait eu avec de Gaulle à Niamey en 53 :
"Mon général, est-ce que vous comptez revenir un jour au pouvoir ?
- Est-ce qu'on peut savoir ?
- Mon général, pour moi vous êtes toujours le général de Gaulle de 1940.Si je peux un jour vous aider,je le ferai!"
(Cité par Pierre Pellissier, p. 265.)
Le souvenir de son choix gaulliste en 40 fut sûrement ce qui empêcha Massu de rejoindre les animateurs du putsch en 1961. Quand Pierre Sergent qui cherchait une tête pour diriger la rebellion, vint le relancer, il lui opposa une fin de non-recevoir.
Amicalement,
René Claude |