Bonsoir,
L'Italie est l'éternelle oubliée des conflits sauf à être désignée comme bouc-émissaire afin d'endosser la cause des revers de son allié allemand. Et ce n'est pas nos amis co-internautes italo-Ldégistes qui me contrediront.
Pourtant, parmi toutes les actions de représailles envisagées par Darlan, une opération franco-italienne contre Alexandrie fut sur le point d'aboutir.
Dans le contexte qui suit immédiatement le drame de Mers el-Kébir, les Italiens offrent le concours de la Regia Aeronautica contre la marine britannique. En échange, ils demandent l'octroi d'une base en Oranie.
Darlan en est informé le 5 juillet. Il lui vient à l'esprit de lier sa réponse à une demande d'action navale conjointe : la Flotte française et la flotte italienne attaqueraient la base d'Alexandrie pour dégager la Force X sous les ordres de l'amiral Godfroy.
Au Conseil des ministre du 6 juillet, Darlan déclare "qu'il a demandé à l'Amirauté italienne si elle pourrait nous aider dans une action engagée par nos navires contre la base d'Alexandrie" [1]. Selon Baudouin, Weygand et lui même sont contre l'opération projetée tandis que Pétain décide de ne pas répondre négativement.
Selon les biographes de Darlan [2], le Conseil serait allé beaucoup plus loin. En effet, le lendemain, l'amiral Duplat transmettait à ses homologues italiens un accord de principe sur "les facilités demandées dans la province d'Oran" et leur demande "comment le gouvernement italien envisagerait une action navale contre les forces navales britanniques d'Alexandrie".
Le projet n'aboutit pas à cause des hésitations italiennes. Le général Pintor, président de la Commission d'armistice, était chaud partisan d'une action conjointe en échange d'une base en Oranie. Par contre, les membres de l'Etat-major italien hésitaient car une attaque contre Alexandrie leur semblait fort risquée.
Au grand soulagement des Italiens, l'opération fut ajournée lorsque l'amiral Godfroy révéla que l'opération envisagée était impossible, les bâtiments de la Force X ayant neutralisé leur armement et déchargé leur combustible.
Le 8 juillet, Vichy informe l'amiral Duplat que "dans ces conditions, l'opération est ajournée et l'adhésion du gouvernement italien serait demandée si les circonstances permettaient un jour de la reprendre" [3]
Anecdote ou recherche d'une collaboration tout azimut ?
Bien cordialement,
Francis.
[1] Note de Baudouin
[2] Hervé Coutau-Begarie et Claude Huan, Darlan.
[3] Message 3494, 8 juillet, 9440; SHM, BB9 226 |