Bonsoir Jacques, bonsoir à tou(te)s,

Tu as tout à fait raison de signaler que le seul rendement à l'hectare n'est pas un indice de comparaison suffisant entre pays. Il faudrait procéder à une analyse savante de l'ensemble des indices des productions agricoles respectives: le rendement/horaire, coût de production, volume de la main d'oeuvre nécessaire, etc, etc....
Dreyfus voulait surtout indiquer que le remarquable développement de l'agriculture trouvait, en partie, son origine dans l'expérience acquise par les prisonniers de guerre français travaillant dans les exploitations agricoles allemandes.
Après une descente dans mes caves humides (et glaciales), j'ai remonté quelques chiffres qui pondèrent l'appréciation de Dreyfus. En réalité, la France de l'avant-guerre cumulait de tels retards dans le domaine agricole qu'elle ne pouvait que progresser.
Exemple: avant-guerre, au dernier recensement de 1936:

- En France, la population agricole active représentait 30% de la population active totale. Le déséquilibre par rapport aux autres nations industrialisées est énorme.
- En Grande-Bretagne le rapport est de 7%;
- aux Etats-Unis, il est de 20%.

En têtes d'habitants, cela donne (chiffres de 1931) :

- 7.694.000 agriculteurs français sur une population active totale de 21.159.000;
- 1.350.000 en Grande-Bretagne sur un total de 20.050.000;
- 10.290.000 aux USA pour un total de 50.690.000.

Autre détail révélateur ! Alors que les rendements à l'hectare connaissent une progression quasi-constante dans tous les pays industrialisés, en France les rendements stagnent et même régressent. Les rendements du blé étaient de :
- 16,3 quintaux à l'hectare en 1921;
- 13,8 quintaux en 1931;
- 16 quintaux en 1939.

Un dernier chiffre pour faire plaisir à tous mes amis : avant-guerre une vache française donnait en moyenne:
- un peu moins de 2.000 litres de lait par an
- contre 2.500 litres partout ailleurs
- et même plus de 3.000 litres aux Pays-Bas et au Danemark.

- Et Marguerite, demandera-t-on ?

Il serait intéressant d'étudier les causes du maintien de ces structures économiques archaïques.... favorisées plus tard par Pétain.

Bien cordialement,
Francis.