Bonjour !
Revenu à mon travail après un de mes rares samedis de bombance, je découvre votre débat qui a su, malgré les passions, retomber sur ses pieds dialoguants.
Incontestablement Fillon a fait une boulette, c'est-à-dire non pas une bourde intéressée, mais bien une erreur, due à l'incompétence du spécialiste de service qui a contrôlé cette partie du discours. Soucieux de prôner une définition historique rigoureuse de la France libre, il a glissé un intrus parmi une série d'exemples pertinents.
Voilà qui m'inspire une réflexion sur la carrière et les manières de De Gaulle. Il avait une façon bien à lui de rabaisser le caquet des anciens combattants de sa propre mouvance. La promotion de "brouettées" de vichystes dans l'armée française, après l'éviction de Giraud (qui tant qu'il fut influent promouvait les vichystes sans que nul ne s'en étonnât), a pour fonction essentielle de reconstituer l'unité du pays en ne laissant à l'écart que les plus compromis dans la collaboration, mais aussi pour logique collatérale de faire comprendre aux compagnons de la première heure qu'il faut tourner la page et ne pas vivre sur l'acquis.
On trouvera la même chose en 58, lorsqu'il mettra rapidement sur la touche Léon Delbecque, à qui il devait largement son retour au pouvoir, pour ne rien dire de Soustelle. Messieurs les hommes d'une époque, vous êtes priés de regarder vers l'avenir sinon vous ne servez à rien.
De ce point de vue, le gaullisme n'a rien d'une mystique, c'est un pragmatisme permanent.
Néanmoins, il sait rendre hommage à la France Libre, en diverses occasions et notamment à l'occasion de la rédaction des mémoires de guerre.
Au total, tout cela est assez équilibré.
Et justement les mémoires sont tout sauf un ouvrage historique, plutôt une construction nationale : le traitement du 18 juin et là pour en témoigner. Foin de "l'anecdote", vive le sens profond des événements ! |