Sur le site du journal d'extrême gauche
Le Monde Diplomatique :
Il s'insère dans un numéro spécial très inégal, où se côtoient d'excellentes contributions (dont une -

- de l'historienne allemande Susanne Heim, qui a écrit un autre ouvrage en collaboration avec Götz Aly) et d'autres passablement hallucinantes (en particulier celle de l'historienne communiste Annie Lacroix-Riz :

)
Il reste que Götz Aly paraît, une fois de plus, sombrer dans le même travers qui lui avait été reproché pour ses précédents travaux (Götz Aly & Suzanne Heim,
Vordenker der Vernichtung. Auschwitz und die deutschen Pläne für eine neue europaïsche Ordnung, Hoffman und Campe Verlag, Hambourg, 1991, traduit en anglais sous le titre
Architects of Annihilation, Phoenix Press, Londres 2003), à savoir l'insistance sur des facteurs économiques et alimentaires pour expliquer la mise en oeuvre du génocide juif et l'implication des Allemands.
Vordenker der Vernichtung a beau constituer une étude extraordinaire, novatrice, solidement référencée, elle n'en demeure pas moins incomplète, car négligeant la part de l'antisémitisme. Les nazis, chez Götz Aly, sont rationnels jusque dans leurs motivations, alors que le moteur de leur action reste précisément une pulsion irrationnelle : le racisme.
Dominique Vidal a synthétisé
Vordenker der Vernichtung, dont on peut regretter qu'il n'ait pas fait l'objet d'une traduction en français :
Cela dit, la nouvelle étude de Götz Aly tend à apporter un nouvel élément de nature à expliquer la passivité, sinon l'approbation, des "Allemands ordinaires" face aux persécutions, puis au génocide des Juifs. Hitler, il est vrai, a cherché à combiner "résolution de la
Judenfrage" et dictature plébiscitaire. Il lui fallait donc être prudent, isoler progressivement les Juifs pour les réduire à sa merci, sans risquer d'écorner sa popularité. "Acheter" les Allemands, en ce sens, pouvait lui rapporter beaucoup...