Bonsoir,
Nous avons tous la fâcheuse tendance (et moi le premier) à rechercher les causes et la responsabilité des errements de l'Etat sur les politiques, sur les militaires, etc...etc... bref à charger de tous les maux du pays, les corps de la nation impliqués un tant soit peu dans une affaire qui nous concerne. Et chacun de réclamer le beurre et l'argent du beurre en oubliant que la vache à lait qui fournit le beurre c'est l'ensemble de la nation.
Je nourris une réelle admiration pour Pierre Mendès France, un homme de gauche peu soucieux de "plaire" à son électorat et un brillant financier peu suspect de sacrifier au veau d'or. Lorsqu'il s'agit de s'imprégner du contexte d'une époque troublée, c'est donc toujours avec plaisir que je me replonge dans le PMD de Jean Lacouture. Lors de la guerre d'Indochine, PMD fut l'un des artisans du dégagement de la France du bourbier dans lequel elle s'était enlisée. Ce qu'il en pensait 30 ans plus tard :
*** Depuis mon expérience au commissariat des Finances d'Alger, j'avais pris conscience que, si toute affaire ne se résout pas en un problème de budget et a bien d'autres implications, elle en passe nécessairement par cette phase.
Tout problème n'est pas financier, mais le devient un jour. Ainsi l'affaire d'Indochine. Mal engagée politiquement, militairement (et moralement), elle tournait plus mal encore sur le plan budgétaire. Étudiant la situation de la France à partir des postes d'observation où j'étais placé, du Fond monétaire international à l'Ecosoc et de la BIRD à la commission des Comptes de la nation, à Paris, je venais toujours buter sur la question d'Indochine. S'agissait-il d'équilibrer le franc, d'investir dans l'équipement industriel, de développer notre contribution à tel effort international toujours on vous répondait: " Mais il y a l'Indochine ! " ***
Cet aspect financier n'en n'est qu'un parmi beaucoup d'autres mais force est de constater qu'il est omniprésent et influe sur nombre de décisions.
Bien cordialement,
Francis, pragmatique. |