... l'engagement politique et la dérive ultra de certains de ces officiers. Ils s'étaient sentis investis d'une mission : sauver l'Empire (ou ce qu'il en restait) et faire barrage au communisme. Cette vision assez manichéenne et simpliste du monde a poussé des soldats professionnels d'unités d'élite à trahir leur pays; même si je peux comprendre leur déchirement et l'humiliation de voir une armée française "trompée" par De Gaulle, ils se sont mis hors-la-loi sans chercher à comprendre certaines motivations des militants indépendantistes. A propos, je me souviens de la remarque de Pierre Messmer dans un docu consacré à Hélie de Saint-Marc qui commandait le régiment par intérim et accepta de lancer le putsch de 61 en Algérie. L'ancien capitaine de la France libre devenu ministre des armées, répondant à Saint-Marc et à ses camarades qui se sentaient salis d'avoir "trahi" des populations auprès desquelles ils s'étaient engagés à fond en Indochine et en Algérie, disait : "Mais on ne leur avait pas demandé de faire des promesses aux Algériens pro-français. Ils étaient l'armée de la République et n'avaient pas à prendre parti. Ils devaient obéir !" Si légalement, Messmer avait raison, la génération de Sergent vécut le départ d'Algérie comme un terrible et honteux abandon. Ils étaient mûrs pour l'OAS...

Amicalement,

René Claude