Bonsoir,
Visitant assez régulièrement les bouquinistes genevois, je tombais parfois sur des livres parus aux éditions de Cheval Ailé. Les noms des auteurs publiés par Bourquin me firent vite comprendre qu'il s'agissait de gens compromis sérieusement avec l'Etat de Vichy et/ou avec l'occupant nazi. Ayant lu des bios de Jean Jardin (Pierre Assouline, chez Folio) et de Paul Morand, j'ai constaté que la Suisse romande avait été une région d'accueil peu regardante pour des politiques et des écrivains-journalistes en délicatesse avec la justice à la Libération et durant les années d'épuration.
A ce propos, j'ouvre une parenthèse : avec d'autres amateurs contrariés de l'œuvre littéraire de Drieu La Rochelle, je me demande pourquoi l'auteur du Feu follet et de La Comédie de Charleroi n'est pas venu se faire "oublier" en Suisse durant une dizaine d'années avant de rentrer pour finir à l'Académie française... comme Paul Morand ! En plus, Drieu aurait pu compter sur l'appui entier de Malraux qui fut son exécuteur testamentaire chez Gallimard. Mais Drieu préféra s'auto-épurer en ouvrant le gaz.
Fin de la parenthèse.
Il y a deux ans, j'avais acheté l'étude historique et littéraire La province n'est plus la province qui est restée sous une pile de livre en attente. Je me dis qu'un titre a son heure. En m'y plongeant il y a quelques jours, j'ai de suite été séduit par la richesse documentaire de cette enquête sur un domaine méconnu : la modification des rapports entre Paris et la Suisse francophone entre 1935 et 1950, (du Front popu à la guerre froide, en gros) période retenue par les trois historiens de l'Université de Fribourg. J'y croisais les noms d'écrivains qui sont au centre de réflexions sur la responsabilité de l'écrivain, du journaliste, du chercheur et du créateur en période de guerre.
Edité en Suisse, cet essai n'a pas eu la couverture qu'il méritait à sa sortie. J'essaie d'y remédier bien modestement.
Cordialement,
RC |