Sur un forum consacré à la Seconde guerre mondiale (les Histoforums), il y a quelques temps un intervenant cherchait des renseignements concernant le collaborateur Jean Azéma.
En lisant l'étude très bien documentée des chercheurs suisses, j'ai retrouvé ce nom à plusieurs endroits dans le texte. Après la Libération, des politiciens et des écrivains-journalistes compromis avec L'Etat de Vichy ou les partis ultras de la collaboration tentèrent de passer clandestinement en Suisse romande. C'est le cas de Jean Azéma. Ils bénéficièrent de l'aide de certains maurrassiens et fascistes helvétiques et de la bienveillance de membres du gouvernement. Bien sûr, Jean Azéma ne jouait pas dans la cour de Jean Jardin, mais son passage en Suisse est assez révélateur. Voici son parcours en Suisse après la guerre :
Rares sont ceux qui parviennent à rester clandestinement en Suisse. Il y faut de la chance, de la discrétion et des contacts. C'est le cas de Jean Azéma. Ce journaliste a travaillé pour plusieurs journaux collaborationnistes parisiens avant de se retrouver à Radio-Patrie, à Bad-Mergentheim. Durant l'hiver 1944-1945, il gagne d'abord l'Italie, puis il franchit clandestinement la frontière suisse à Chiasso, où il est hébergé par son ami Roger Bretscher. Il vit dans la clandestinité jusqu'en octobre 1946, participant activement au lancement de la revue "Courrier du Continent". Repéré par la police qui surveille cette publication, il se découvre et demande l'asile politique. Soutenu par quelques intellectuels locaux d'extrême droite (...), Azéma oppose plusieurs recours aux décisions de Berne. En automne 1947, une intervention du député communiste Jean Vincent au Grand Conseil genevois pour dénoncer le laxisme du gouvernement bourgeois face aux collaborationnistes installés à Genève rend les autorittés fédérales soudain plus nerveuses et plus impératives.
Les auteurs nous disent qu'Azéma tente un coup de poker auprès des autorités fédérales : brûlé comme clandestin en Suisse, il leur demande de faux papiers afin d'émigrer en Argentine ! Et ça marche !! En 1948, il part pour l'Amérique latine avec des papiers d'identité au nom de Jean-Jacques Bernier.
Berne agit illégalement pour se débarrasser d'un personnage encombrant...
Bien cordialement,
RC |