Bonjour,
A propos de cette "conférence extraordinaire" qui aurait eu lieu à Berlin en juin 1940 afin de décider l'attaque ou non de la Suisse, le journaliste Claude Mossé parvient à la même conclusion que Jean-Jacques Langendorf. Dans Ces messieurs de Berne, 1939 - 1945 (Stock, 1997), il écrit à la page 121 :
De quoi s'agissait-il ? A en croire une agence de renseignement privé, le bureau Ha, animé par un ancien militaire démobilisé, le capitaine Hans Hausamann, Hitler aurait, dès le 20 juin 1940, après la capitulation française, convoqué à Berlin, dans les locaux de la Chancellerie, le maréchal de l'air Hermann Gœring, le général Keitel (...), von Ribbentrop (...), Rudolf Hess(...) et Joseph Gœbbels, ministre de la Propagande. Tous, figures de proue du nazisme. Von Ribbentrop aurait proposé l'invasion immédiate de la Suisse, mais Keitel s'y serait opposé, craignant de lourdes pertes; l'armée helvétique n'était pas du gene à se laisser étouffer; compte tenu de la configuration du terrain montagneux, les Allemands risquaient de gaspiller des centaines de milliers d'hommes qu'ils envisageaient déjà d'utiliser contre l'URSS.
Diffusée par l'Agence télégraphique suisse (note : l'ATS, alors étroitement contrôlée par l'Armée), cette information, qui avait pour origine la division Presse Radio, ranima l'esprit combattif des soldats suisses et eut un excellent effet psychologique sur les populations. L'annonce de cette réunion à Berlin, la peur supposée des Allemands d'envahir la Suisse, la crainte d'une résistance acharnée contre l'envahisseur, tout cela était bon pour le moral.(...)
Masson, tenu au courant de cette prétendue réunion par son adjoint, le capitaine Weibel, n'y attacha pas d'importance majeure. Il savait Hausamann assez peu fiable, facilement manipulable par les officiers de la division Presse Radio.
Il est aujourd'hui certain que, le 24 juin 1940, toutes les personnes citées se trouvaient en d'autres lieux. Ce conseil, imaginaire, par ailleurs assez peu dans les habitudes de Hitler, avait au moins eu le mérite de raviver une fibre patriotique helvétique atteinte de toute légitime.
J'espère pouvoir déposer bientôt ici l'essai de Claude Mossé que j'aimerais mettre en parallèle avec l'étude de Marc-André Charguéraud, La Suisse présumée coupable,L'Age d'Homme,2001 qui vient par ailleurs de publier Le Banquier américain de Hitler, un essai sur le rôle de Thomas Harrington Mc Kittrick, patron de la BRI - Banque pour les règlements internationaux - dans l'affaire de l'or volé par le Reich.
Des nuits blanches en perspective !
Bien cordialement,
RC |