Bonjour,
Voici un des deux messages que j'avais retirés après la suppression de l'intervention concernant Irving, Baynac et Chauvy.
Je ne vais pas redire ici ce que j'ai déjà écrit dans des interventions déposées sous différents débats à propos de Baynac. En gros, je suis d'accord avec les remarques de N. Bernard. Quant à Irving, cet individu s'est discrédité depuis déjà longtemps.
En revanche, le cas de Gérard Chauvy mérite, je trouve, des nuances. En effet, si on devait condamner tous les historiens et tous les écrivains qui ont publié des sottises ou des contre-vérités, et bien, les bibliothécaires et les libraires iraient vite pointer au chômage... !
Comme je suis en train de lire le dernier ouvrage de Gérard Chauvy, "Lyon 1940-1947" (Perrin, 2004), je voudrais témoigner ici à sa décharge.
Pour la plupart de ses collègues historiens de l'Occupation et de la Résistance, Gérard Chauvy fut et reste un très bon spécialiste de la période. Avec son "Aubrac, Lyon 43", il s'est trop avancé, s'est fourvoyé et s'est fait instrumentalisé, même si certains de ses collègues ont admis qu'il avait mis à jour au cours de son enquête des documents importants. Chercheur lucide, il a visiblement compris qu'il s'était égaré. Depuis le procès, et contrairement aux pratiques des réviso-négationnistes qui misent sur la répétition des mensonges, il n'a jamais réitéré sa thèse (son hypothèse ?) d'un Aubrac qui aurait été en contact avec le SD de Lyon. Il collabore, entre autres, à Historia et je n'ai rien relevé de "suspect" sous sa plume depuis l'affaire. Je ne prétends bien sûr pas lire tout ce qu'il publie, mais je n'ai rien trouvé dans ses papiers et dans son dernier ouvrage sur Lyon - fort bien documenté - qui pourrait contredire cette constatation.
Je continue à lire et à apprécier les ouvrages de Chauvy, car je ne condamne pas l'ensemble de l'œuvre d'un chercheur (ou d'un écrivain) à cause d'un faux pas navrant mais humain.
Certains "procureurs" (journalistes, politiciens et quelques chercheurs aussi, hélas !) toujours prompts à utiliser tout ce qui bouge pour occuper le terrain s'étaient alors greffés sur le dossier visiblement sans avoir lu UNE LIGNE de l'ouvrage de Chauvy, se contentant de reprendre les éléments de la presse généraliste, ce qui mène rarement très loin....
C'est une vieille et sale manie franco-française : on dégomme quelqu'un par rebond, par écho, on phagocyte une affaire dont on maîtrise mal ou pas du tout les éléments historiques pour distiller un discours partisan et, une fois le truc lancé, l'effet media obtenu, on attend le prochain "coup", sûr de son importance, politiquement et historiquement bien dans ses pompes, sans imaginer une seconde qu'on a pu démolir un travail important.
Bien cordialement,
RC |