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Dans ce texte :

La Solution finale, où l'information différenciée de Nicolas Bernard le lundi 19 juin 2006 à 19h49

François, je vous rappelle que vous n'avez pas répondu à ce message :


Vous écrivez : Sauf que le nazisme ne fonctionne pas comme cela et la Solution finale encore moins. Décision hitlérienne, communiquée très vraisemblablement à Himmler le 9 novembre.

A mon avis, l'ordre du 9 novembre n'est que la levée d'un sursis. Hitler a sans doute déjà évoqué un tel ordre à ses lieutenants plusieurs semaines auparavant. L'été et le début de l'automne 1941 témoignent en effet d'une multiplication des mesures préparatoires, toutes soumises au bon-vouloir d'un Hitler soucieux de tenir compte du contexte international et intérieur. La décision de déporter les Juifs du Reich vers l'Est, par exemple, est prévue pour s'exécuter dès le mois d'août, mais ne sera finalement appliquée qu'à la mi-octobre.

Le 9 novembre, l'instant est favorable. L’incertitude de la bataille de Moscou (laissant entrevoir un échec ou un ralentissement de l’offensive allemande), de même que l’imminence du conflit avec les Etats-Unis, permettent au Führer de recourir de nouveau à la rhétorique des représailles et d’en appeler à sa « prophétie » de janvier 1939, par laquelle il promettait aux Juifs l’extermination s’ils déchaînaient une guerre mondiale.

De leur côté, les tueurs piaffent d’impatience, ayant acquis en Russie une logique de rentabilité meurtrière de plus en plus efficace, laquelle mettra en œuvre, dès le mois de décembre, des « camions à gaz ».

Plongé dans la guerre totale, « matraqué » par la Propagande, « acheté » par les spoliations antisémites et le pillage de l’Europe, le peuple allemand ne s’insurgera point.

La déclaration de guerre aux Etats-Unis, le 11 décembre 1941, amène Hitler, le lendemain, à proclamer aux dirigeants du NSDAP qu’il est résolu à faire « table rase » de la « question juive », que l’extermination des Juifs est la « conséquence nécessaire » du conflit mondial – justification a posteriori d’une directive exprimée quelques semaines auparavant.

Mais j'ai déjà développé ça dans un article paru quelques mois auparavant dans la revue Histoire de Guerre.




Vous calomniez : Je profite de l'occase pour causer d'une hypothèse évoquée rapidement au milieu du tombereau des considérations ad hominem :

... qui émanaient de vous :




Et vous ajoutez : que Heydrich en ait su plus et plus tôt. A mon avis, non. Là-dessus, je renverrai au récent livre sur Kersten. C'est bien Himmler le chef, et Heydrich le subalterne.

Je suis tout à fait conscient que mon hypothèse reste... une hypothèse. Néanmoins, elle ne se heurte à aucun fait connu, et explique bien des choses.

A mon sens, Heydrich sait à quoi s'en tenir à la fin 1940. Il fait étudier à cette époque la déportation des Juifs vers les territoires soviétiques, ce qui prouve d'une part qu'il est tenu informé de la stratégie militaire de Hitler, d'autre part qu'autre chose est prévu qu'une expédition sous les tropiques, vu l'hostilité climatique et naturelle de l'ex-URSS.

Himmler, à la même époque, fait étudier la possibilité technique d'une stérilisation de masse. Or, Hitler et Heydrich, qui vont créer les Einsatzgruppen, ont une toute autre idée en tête, eux. Une extermination radicale, non différée.

Ce qui établit, à mon sens, un décalage dans l'information. Himmler a été informé après Heydrich. A mon sens, à l'été 1941, lorsque son adhésion au très fermé cercle des initiés (Hitler, Heydrich, Göring) s'est révélée indispensable pour la suite.

Selon moi, Hitler, s'agissant de la mise en place de la Solution finale, a cherché non pas à imposer un tel génocide, mais à créer les conditions propres à ce que ses adjoints le lui réclament. Il ne pouvait guère se permettre d'ordonner brutalement à Himmler d'exterminer, ce pour une raison très simple : en mai 1940, le Reichsführer SS avait écrit à son patron "qu’il faut s’opposer résolument à la destruction physique d’un peuple, méthode bolchevique, impraticable, et parfaitement contraire au génie germanique". Lorsque Himmler assistera à une exécution de Juifs sur le front de l'Est, il manquera de défaillir. Non pas que Himmler n'était point une abjecte ordure antisémite et inhumaine. Mais Heydrich, lui, avait le coeur plus solide...

Non, Hitler a simplement fait en sorte de préparer les esprits - dont celui de Himmler et Heydrich - pour mieux leur faire passer la pilule. Insulter les Juifs, les extorquer, les déporter, les faire souffrir, OK, mais les éradiquer tous jusqu'au dernier, c'est une autre paire de manche.

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