Bonsoir,
L'histoire et plus précisément les petites histoires de l'exode de mai / juin 1940 restent à écrire. Pierre Stephany remarque, avec cette dérision qui lui est propre: *** Les historiens, qui, aujourd'hui, collationnent les notes de fossoyeurs s'interrogent sur la véritable nature du crime qui valut à tant de gens, dans ces jours d'hébétude, l'attention particulière des justiciers expéditifs. "Homme, taille moyenne, les pieds, les bras, le corps ligoté, vêtu d'un pantalon de velours, veston noir, une montre..." Pourquoi ligoté, sans papiers, cet inconnu dont le cadavre se traînait au revers d'un fossé? ***
Combien furent-ils sur les routes de l'exode à ne jamais rentrer chez eux? Parfois, des parents plus "chanceux" ont retrouvé la trace d'un des leurs, disparus sur les routes de l'exode. Les notes du fossoyeur mentionnaient plus souvent: "tués lors d'un bombardement". Lorsque la famille décidait de rapatrier le corps en terre natale, quel n'était pas leur étonnement de découvrir la dépouille mortelle de l'oncle, du père...., les mains liés dans le dos.
Le journaliste Désiré Denuit, dans son livre "L'été ambigu de 1940", relate brièvement la disparition de son père. Non loin d'Arras, dans le Nord de la France, son père, 60 ans, souhaitait changer de l'argent belge en argent français. Avec anxiété, on l'attendit longtemps. Il ne revint jamais. Ce n'est qu'en 1950, après de longues recherches, qu'il apprendra que des soldats français en déroute l'avaient froidement assassinés, le prenant pour.... un parachutiste allemand. A 60 ans !
Combien d'autres furent victimes de cette maladie qui a pour nom "l'espionite" ?
Bien cordialement,
Francis. |