Prologue à la Solution finale - Le nazisme des origines à 1945 - forum "Livres de guerre"
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Le nazisme des origines à 1945 / Enrique León et Jean-Paul Scot

En réponse à
-1La Nuit de Cristal de Francis Deleu

Prologue à la Solution finale de Nicolas Bernard le mercredi 22 octobre 2003 à 18h04

Je crois, sans risque de me tromper, que l'intervenant susmentionné adoptait une définition du pogrom mettant l'accent sur le caractère spontané et chaotique de la chose - or, la Nuit de Cristal n'avait rien de spontané, et n'était certainement pas chaotique. Le fait a été démontré par Rita Thalmann & Emmanuel Feinermann ("La nuit de cristal", Robert Laffont, 1972). Hitler a minutieusement préparé son coup, afin de tester l'opinion allemande et l'opinion internationale face à un avant-goût de ce qu'il réservait aux juifs d'Europe.

L'année 1938 révélait en effet une montée de violence progressive (notamment par le biais des expropriations de synagogues, démolies pratiquement dans les heures suivant la notification). Hitler laissa les autorités locales s'impatienter, et se servit de Goebbels pour adresser ses directives aux sections du Parti qui s'en prirent, cette nuit là, aux Allemands de confession juive. Le rôle des services de sécurité de Himmler et Heydrich était d'encadrer le mouvement, voire le canaliser, le tempérer, ou dans d'autres cas l'encourager. Quant à Göring, il ferait payer après coup la facture aux juifs tout en s'efforçant de couvrir le Führer en cas de dégoût national et international. Les rôles avaient été répartis, l'opération était préparée depuis des mois.

Il semble que le Führer, outre de lancer Goebbels en première ligne, se servit également de Heydrich. Les SS privilégiaient en effet la politique d'émigration forcée : un surcroît de violence, lié à la ségrégation législative pratiquée depuis 1935, favoriserait les départs. Heydrich et Eichmann ne pouvaient dès lors qu'approuver la mesure prise... Ils seraient mis dans la confidence des véritables projets hitlériens bien plus tard.

Que la Nuit de Cristal fut un épisode d'une violence indicible, personne (sauf... vous savez qui*) ne le nie. Le déchaînement des Chemises brunes lâchées dans la nature urbaine a abouti à des atrocités innommables : destructions des synagogues, des magasins, tabassages, arrestations, internements forcés, humiliations diverses... Ce n'était certes pas le bain de sang de Baby Yar, mais à sa manière, et toutes proportions gardées, la Nuit de Cristal fut tout aussi terrible, car survenant peu de temps avant la guerre et alors que ce que l'on finirait par désigner de "machinerie du meurtre de masse" ne s'était pas encore lancée, avec son cortège d'Einsatzgruppen, de ghettos et de camps de la mort.

Le nombre de tués, au cours de cette Aktion, est fixé d'une trentaine à une centaine. En vérité, il fut bien plus important. Nombreux furent en effet les juifs à se suicider (par exemple, l'instituteur Felix David, 29 ans, et sa famille : son épouse Ruth, 27 ans, et ses deux fils, Benjamin, 2 ans, et Gédéon, né en 1938). Nombreux furent également les juifs arrêtés à mourir au cours de leur détention dans des camps de concentration (Dachau et Buchenwald) et autres cellules de la Sécurité d'Etat : de deux mille à deux mille cinq cent personnes (Thalmann & Feinermann, op. cit., p. 196).

L'ampleur des destructions commises, au vu et au su de tous, constitua un choc que l'on peut raisonnablement comparer à l'effondrement des deux tours du World Trade Center il y a deux ans. C'était bel et bien le judaïsme que les nazis incendiaient et humiliaient (nombre d'anecdotes le révèlent, les nazis visèrent particulièrement les religieux). Et quant à la "communauté" (sic) juive allemande, il était prévu de la terroriser, de laisser quelques civils se faire tuer - mais non de l'exterminer, pas encore.

* On trouve chez un négationniste bien connu, David Irving, la mention suivante (in "Goebbels: Mastermind of the Third Reich", Focal Point, Londres, 1996, p. 276) : "A l'aube du 10 novembre, 191 des 1.400 synagogues du pays avaient été détruites, près de 7.500 des cent-mille magasins juifs avaient eu leurs vitrines brisées. Trente-six juifs sur le demi-million que comptait le pays avaient été tués, et des centaines avaient été plus sévèrement battus." A la relativisation (le nombre de bâtiments détruits et de juifs tués étant confronté à des statistiques bien plus importantes) s'ajoute la falsification : 276 synagogues, peut-être même 520 (selon l'opposition social-démocrate allemande en exil) avaient été détruites et non pas 191, et les Chemises brunes ne s'étaient pas contentés de saccager les victrines des magasins attaqués...

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