Sans doute sur ce forum, chacun suit-il surtout sa propre démarche, avec son propre questionnement et le même zèle pour conforter ses idées.
Il en était de même en 1940, chacun ne pouvant voir que ce que lui permettaient ses propres lunettes. Concernant Tillon et l'ensemble des responsables communistes, Bourderon, tout à fait delplaïque sur ce point écrit qu'ils s'attachent à restructure une organisation clandestine axée sur la lutte revendicative et la volonté de renouer les liens avec les travailleurs. « Reste bien entendu, l'inadéquation des proclamations communistes de l'été 1940, prisonnière d'analyses totalement dépassées, à la situation réelle. La vision stratégique de De Gaulle est évidemment d'une toute autre ampleur. »
Je ne partage évidemment pas cette analyse de Bourderon. De Gaulle, tout comme Tillon, fait ce qu'il peut avec les lunettes qu'il a. Absolument incapable d'imaginer la clandestinité et la résistance intérieure, il devra attendre dix-huit mois pour réaliser que sa propre légitimité ne veut venir que d'organisations clandestines qui se sont développées tout à fait en-dehors de lui. Tillon, par contre, cultive tout naturellement la survie de son Parti clandestin qui sera tout à fait adapté, le moment venu à préparer politiquement la Libération. Il est, par contre complètement incapable d'imaginer la poursuite de la Guerre mondiale puisque le Parti français n'y est pas encore entré et que la seule puissance aux côtés de laquelle il pourrait la faire n'est encore « qu'une force de Paix ».
Emmanuel |