Je nuancerai simplement le qualificatif d'"obscur"... Certes, Jean Moulin n'était pas connu du grand public, je te l'accorde bien volontiers. Mais sa réputation, dans le corps préfectoral et les ministères, n'était plus à faire.
Le 17 juin 1940, Charles Pomaret, ministre de l'Intérieur du gouvernement Pétain, voit en Moulin le candidat idéal au poste de directeur de la Sûreté nationale. Ce qui, dans le contexte particulièrement difficile de la débâcle, reste lourd de sens.
Autre exemple : en mai 1942, Laval, de retour aux affaires, fait convoquer Moulin à Vichy pour lui proposer une "préfecture importante". L'affaire a fuité au sein de la Résistance, comme j'ai pu le constater en plongeant dans les papiers d'un opposant à Moulin, le fameux Girard (alias Carte), qui a évoqué cette proposition pour faire de Moulin un proche de Laval et le discréditer. Or, si Girard connaissait l'identité de Moulin (qu'il orthographie Moulins), c'est sans doute par Frenay, avec lequel il était en contact régulier. On peut dès lors supposer - c'est une hypothèse, j'en conviens - que Hardy pouvait aussi connaître le CV et le vrai nom du délégué de De Gaulle... |