Bonsoir.
Vous écrivez :
« […] Himmler en est encore à condamner la "méthode bolchevique de l'élimination physique d'un peuple comme contraire à la germanité et impossible" - même si la décimation des Juifs de Pologne, parqués dans des ghettos insalubres et surpeuplés, est à l'oeuvre depuis 1939. Ne peut-on pas considérer, dès lors, que Hitler, ayant très tôt conçu d'assassiner massivement les Juifs, mais conscient du caractère sacrément transgressif d'un tel fantasme, l'aurait gardé pour lui seul pendant des années, le taisant même aux cadres du Parti ? »
Comme je le soutenais dans un débat qui nous a opposé jadis sur un autre forum (dont une petite partie se trouve
ici), il m’est avis que cette fameuse phrase de Himmler est sortie de son contexte et qu’elle ne signifie en rien que le chef de la SS ne pensait pas à un génocide en 1940. Je persiste à penser que c’est tout le contraire.
Dans le
document en question, cette phrase intervient alors qu’Himmler évoque la nécessité de trier les populations, ainsi que le risque que des Allemands soient victimes des mesures d’asservissement de ceux qu’il considère comme des sous-hommes. La méthode bolchevique (affamer des populations entières) ne fait pas de distinction de race. En cela, elle est contraire à la « germanité ». D’où la nécessité d’appliquer une méthode spécifiquement nazie consistant à catégoriser, cloisonner, fractionner, parquer les populations en fonction de leur appartenance ethnique. La « solution finale » est, à mon sens, la dernière étape d’un long processus visant, au moyen d’un appareil législatif, de mesures de police, etc. à isoler les Juifs, puis les exterminer sans « dommages collatéraux » pour la race germanique.
Cela m’amène à penser qu'Himmler était, en 1940, parfaitement au fait des projets d’Hitler et les avait fait siens.