Voilà déjà deux avis de Trotski
P.509 Dans La Révolution trahie, il reconnaissait même l'utilité d'un adjectif que jusque-là il avait écarté : « totalitaire ». II ne s'agissait pas d'une catégorie de l'analyse marxiste, car elle impliquait de regarder les sociétés modernes en abandonnant entre autres la notion de classe. L'Union soviétique de Staline et le Troisième Reich de Hitler étaient deux régimes semblables, en ce sens qu'ils cherchaient à supprimer tous les obstacles à l'autorité centrale de l'État. Ils abrogeaient les clauses démocratiques garantissant la séparation des pouvoirs et, dès qu'ils le pouvaient, écrasaient les associations civiles indépendantes. Instauraient une terreur policière. Créaient des camps de concentration et ordonnaient des arrestations ou des exécutions massives de tous leurs adversaires. Introduisaient un monopole politique sur les médias. Exaltaient leur idéologie et présentaient leurs dirigeants comme d'authentiques génies. Staline et Hitler avaient tous deux l'ambition de créer des citoyens à l'image de leur idéologie, et tous deux tentaient d'insérer l'État dans tous les interstices de la société civile.
C'était la première fois que Trotski énonçait cette théorie d'une nouvelle forme d'État. Il jouait avec elle, mais s'en servait au fond comme d'une figure stylistique et restait fidèle aux catégories marxistes conventionnelles. C'était ce marxisme-là qu'il aimait, bien sûr. Les longues années de déportation et d'exil lui avaient permis d'écrire exactement ce qu'il pensait, et il n'avait jamais abandonné son credo : le monde n'avait de sens que si l'on admettait que seul le prolétariat pouvait le sauver du désastre.
En réalité, il s'en tenait à ses grands principes de toujours, depuis qu'il était entré dans l'opposition au début des années vingt. Selon lui, les chances de réussite d'une révolution communiste en Russie avaient toujours été subordonnées au déclenchement d'autres révolutions en Europe.
P.515 …En même temps il abhorrait le culte de l’irrationnel qui se propageait partout en Europe et n’éprouvait que mépris pour l’idéologie hitlerienne…
Ce qui est vraiment confus c'est que les reproches qu'il fait à Staline pouvaient facilement s'appliquer à sa propre attitude lorsqu'il exerçait le pouvoir au sein de l'armée.
Mais la confusion est permanente du début à la fin du livre tant il existe de contradictions dans les opinions de Trotski. On y trouve tout, y compris son admiration pour le système démocratique...suisse et américain, c'est dire.
On apprend aussi dans ce livre, ce que j'ignorais, c'est que Staline jouissait d'une bonne réputation en dehors de l'URSS. Par exemple auprès de Churchill et aussi de Georges Wallace, vice président des EU ce qui est assez étonnant...
En histoire on n'en finit pas de s'étonner.... |