Précisions complémentaires sur Farquet - Passer en Suisse : Les Passages clandestins entre la Haute-Savoie et la Suisse 1940-1944 - forum "Livres de guerre"
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Edition du 05 mars 2011 à 18h46

Passer en Suisse : Les Passages clandestins entre la Haute-Savoie et la Suisse 1940-1944 / Odile Munos-du-Peloux

En réponse à
-1Pendant la guerre, franchissement clandestin de la frontière Franco-Suisse par le sud. de Serge Desbois

Précisions complémentaires sur Farquet de David von Felten le samedi 05 mars 2011 à 18h06

Les sources permettant de retracer partiellement l'activité de Roger Farquet sont très hétéroclites. Elles se subdivisent en deux catégories :
A) Le dossier Roger Farquet provenant du fonds E 27 des archives fédérales suisses (Dossier Roger Farquet, AF E27/10673). Ce dossier a été constitué en 1944 suite à des accusations d'espionnage et de contrebande à l'encontre de Farquet. Ce document se compose principalement de retranscriptions d'écoutes effectuées du 1.3.44 au 28.3.44 par la police cantonale genevoise sur mandat du service de contre-espionnage de l'armée. Il comporte aussi un procès verbal d'audition de Farquet, des rapports à son sujet, un procès-verbal de perquisition, etc. La nature des pièces contenues dans ce dossier permet de se faire une bonne idée de l'activité de Farquet à cette période.
B) Plusieurs ouvrages écrits par d'anciens résistants et faisant allusion à son activité.

Roger Farquet est né le 24.01.02 à Genève et exerce effectivement le métier de représentant pour la firme Nestlé. Il collabore avec le SR suisse dès juin 1942 par l'intermédiaire de Durupthy, le très bavard barbier de la gare Cornavin. En effet, comme ce dernier se vante partout d'être un agent du SR, Farquet lui signale un Français qu'il considère comme suspect. Durupthy lui propose alors de lui présenter le lt-col Cuénoud, chef du bureau France du SR suisse. Ce dernier apprenant que Farquet possède un visa pour la France et s'y rend régulièrement, lui demande de bien vouloir signaler à ses subordonnés genevois tout fait intéressant qu'il pourrait apprendre lors de ses voyages. Farquet accepte et entre dès lors en contact avec le chef du poste récepteur de renseignements (PR) genevois du SR suisse, le capitaine Pierre Clément.

Farquet, comme Durupthy d'ailleurs, va travailler tout à fait bénévolement pour le SR mais avec une intensité remarquable au point que l'on a l'impression que son engagement pour le PR de Genève est en fait son activité principal.

Farquet, qui militairement n'a jamais dépassé le grade de service complémentaire, adopte le pseudonyme de "commandant Chapuis", reprenant ainsi le nom de jeune fille de sa mère. Cette fausse identité induira d'aileurs en erreur de nombreux cadres illustres de la Résistance, convaincus du statut d'officier de Farquet..

A la lecture des nombreux témoignages de résistants dépeignant l'activité de Farquet, on ne peut s'empêcher de se demander quel était sa mission prioritaire: recueillir des renseignements pour le SR ou servir d'ange gardien pour les agents de la Résistance débarquant à Genève ? On voit en effet Farquet, toujours soutenu par son chef, sur tous les points de franchissement de la frontière genevoise, de jour comme de nuit, accueillant avec sollicitude les agents éprouvés par une traversée périlleuse, assurant leur transport sur territoire genevois au volant de sa fameuse grosse américaine (en fait une voiture d'entreprise qui appartenait à Nestlé). Peu lui importe qu'il s'agisse de faire passer un agent anonyme ou le frère du général de Gaulle (en novembre 1943)comme en témoigne Mireille Albrecht, la fille de la célèbre résistante Betty Albrecht, que sa mère fait passer en Suisse en mai 1943:

"Lorsque que le capitaine Farquet arriva, mes cheveux étaient secs, mes vêtements aussi. Je me rhabilai en toute hâte, et, à ma consternation, je m'aperçus que ma jupe avait encore rétréci au séchage, tenant davantage du tutu de danseuse que d'une tenue de jeune fille convenable !
Le capitaine ne s'en offusqua pas, il avait l'habitude, s'occupant la majeure partie de son temps de ceux qui passaient clandestinement en Suisse.
C'est dans une grosse voiture américaine aux sièges moeleux que je terminai le voyage. Les jambes alongées, bercé par le doux ronronnement du moteur, c'est avec plaisir que je me serais endormie, mais le capitaine ne m'en laissa pas le loisir. J'ai senti qu'il voulait me mettre à l'aise. Il m'offrit un paquet de cigarettes américaines, le grand luxe après le gris qu'on roule que nous fumions à la Roche-Vineuse. Il me dit que je pouvais fumer dans la voiture, me montra le cendrier que je ne trouvais pas, n'étant jamais montée dans une automobile aussi moderne, au tableau de bord fascinant par son nombre de cadrans !
Le capitaine me fit la conversation tout au long de la route. Il appartenait au Deuxième Bureau helvétique, et faisait la liaison avec les mouvements de résistance français.
"
in ALBRECHT, Mireille, Vivre au lieu d'exister, p. 353.

Françoise Seligmann, cadre du service social des Mouvements Unifiés de la Résistance, peut aussi, dans le cadre d'une mission de recherche de fonds en Suisse, témoigner de la courtoisie de Roger Farquet:
"Suivant les instructions de Claude Bourdet, je demande au douanier de téléphoner à un numéro que j'ai appris par coeur et de prévenir "Monsieur Chapuis" que je suis arrivée. Le douanier revient et m'annonce que M. Chapuis vient me chercher. Il sera là dans une demi-heure.
M. Chapuis arrive. Il m'emmène dans sa voiture, une somptueuse américaine, à Genève. Je suis stupéfaite et éblouie à la vue de la ville illuminée. Il est une ou deux heures du matin. Depuis 1940, je n'ai plus connu en France, de villes éclairées la nuit, puisque le couvre-feu sévit partout, aussi bien en zone sud qu'en zone nord.
M. Chapuis est plein de sollicitude. Il me conduit dans un hôtel de la vieille ville où ma chambre est retenue. Pour me réconforter, il me propose une boisson chaude. (...)
Constatant que mes vêtements sont déchirés, M. Chapuis me remet une somme d'argent importante pour que je puisse, dès le lendemain matin, acheter tout ce dont j'ai besoin. Puis il me souhaite une bonne nuit et me rappelle que je peux faire appel à lui pendant tout mon séjour dans la Confédération.
"
in SELIGMANN, Françoise,Liberté, quand tu nous tiens, pp. 166-167.

Mais l'hommage le plus fort rendu à l'action conjointe de Farquet et de Clément provient du colonel Groussard, chef du réseau Gilbert dont la collaboration avec le PR de Genève sera, pour le moins, étroite:
"Chapuis, musculeux géant toujours souriant, d'une générosité proverbiale, avec son solide bon sens qui, souvent, nous évita des désastres. Jour et nuit, il était à notre disposition, et Dieu sait si nous eûmes recourt à lui pour recevoir nos agents aux endroits de passage, aplanir les difficultés soudaines, donner un coup de main in extremis aux imprudents. Je vois encore Sarment, son chef, un autre officier aussi dévoué, aussi courageux, et lui, accueillir les camarades après les péripéties plus ou moins épiques des passages clandestins. Je les vois s'enfonçant dans la nuit de Genève, chargés de missions toutes urgentes. Je vois Chapuis, optimiste toujours, impressionnant de puissance, s'éloignant d'un pas agile vers le coin qui, cette fois, avait été choisi pour l'entrée en France, tantôt par ici, tantôt par là... Combien d'ennemis dangereux nous furent signalés par cette équipe, qui si souvent nous permit de rendre vains leurs efforts ! Que de français traqués obtinrent grâce à elle un sûr asile !
Le vrai nom de Chapuis était Farquet. Celui de Sarment était Clément. Leur dévouement à notre égard fut admirable, sans limite. Ce fut Clément qui me reçut lors de mon arrivée en Suisse, qui facilita mon installation clandestine à Genève, qui me fit octroyer cet immense privilège de vivre en Suisse, volontairement et pratiquement ignoré de l'administration officielle, sans aucune des obligations imposés aux étrangers : limitation de la zone de leurs déplacements, présentation régulière aux autorités locales, etc...
Et Clément ne me demanda jamais rien en échange. Il aurait pu, comme il est courant dans un cas pareil, me prier de lui communiquer pour son Service, certains des renseignements que je recevais. Non, son tact, sa discrétion furent entiers. Persuadé que le sort de la Suisse était lié au nôtre, il fit tout pour nous aider.
Clément et Farquet sont morts. Ils méritent de ne pas être oubliés par la France qu'ils aimaient, à laquele ils ont tant donnés.
"
in GROUSSARD, Georges, Services secrets 1940-1945, pp. 432-433.

Contrairement à ce qu'il déclare dans son témoignage, il est fort vraisemblable que Groussard ait fourni de nombreux renseignements au SR suisse puisque dans un procès verbal d'audition (AF E27/10673) Farquet déclare que Groussard est un de ses informateurs réguliers.

Pour terminer de manière anecdotique, Robert Belot nous apprend dans son dernier ouvrage, "L'affaire suisse", que les anciens Résistants n'oublieront pas après-guerre les services rendus par Farquet. En effet, Bénouville, figure importante des MUR à Genève, fera obtenir la nationalité française et un emploi intéressant à Jour de France revue appartenant alors au constructeur aéronautique Marcel Dassault et dont Bénouville deviendra le bras droit.

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