version intégrale - La Suisse et la guerre 1933 - 1945 - forum "Livres de guerre"
Pour profiter de
tous les avantages
de ces pages, vous
devez accepter
les cookies



Forum
des livres, revues, sites, DVD, Cd-rom, ... , sur la 2e Guerre Mondiale, de 1870 à 1970
 
 Le débat sur ce livre
 
 L'accueil
 Le menu
 Le forum
 Les livres
 Ajouter un livre, ...
 Rechercher
 Où trouver les livres ?
 Le Glossaire
 Les points
 Les pages LdG
 L'équipe
 Les objectifs
 La charte
 Droit de réponse
 L'aide
 
 
 

 


La description du livre

La Suisse et la guerre 1933 - 1945 / Werner Rings

En réponse à -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1Ne pas nous laisser assujettir à un seul bloc économique : une citation tronquée de Nicolas Bernard

version intégrale de Christian Rossé le vendredi 20 août 2010 à 21h29

Je propose de citer ainsi l'intégral de ce qui a été dit par Pilet-Golaz au cours de cette séance du 26 juin 1940 devant la Commission des pouvoirs extraordinaires du Conseil national. J'ai écarté les interventions des Conseillers nationaux. Je n'ai pas l'impression que cela gêne la compréhension.
J'espère en ce faisant ne pas dépasser la limite du tolérable en matière de citation.



[763]
E 1050.1 I/1
COMMISSION DES POUVOIRS EXTRAORDINAIRES DU CONSEIL NATIONAL
Procès-verbal de la séance du 26 juin 1940

[…]
Das Wort erhält der Vertreter des Bundesrats zu einer Orientierung über die allgemeine politische Lage.
M. Pilet-Golaz, Président de la Confédération, relève avec satisfaction que, d'après les déclarations du Président de la Commission, celle-ci a décidé de s'en tenir, en règle générale, pour son activité, à la tâche qui lui incombe selon l'article 6 de l'arrêté fédéral du 30 août 1939, c'est-à-dire à l'examen des rapports périodiques du Conseil fédéral et aux préavis sur des mesures importantes que le Conseil lui soumettrait si possible avant leur entrée en vigueur. Dans les circonstances présentes, il est, en effet, indispensable que le Conseil fédéral assume lui-même ses devoirs et ses responsabilités.

[764]
La situation générale est dominée actuellement par des faits : les armistices franco-allemand et franco-italien, l'occupation de deux tiers du territoire français par les troupes allemandes, la cessation des hostilités autour de nos frontières et la diminution, par conséquent, des risques de violation de notre territoire par une des armées belligérantes. Ces raisons ont amené le Conseil fédéral à décider, pour la fin de la semaine prochaine, une démobilisation partielle de notre armée. Il est nécessaire de rendre au pays les forces dont son économie a un besoin urgent. Cette démobilisation cependant, ne pourra être que partielle, car il ne s'agit pour le moment, entre nos voisins, que d'armistices et non de paix. Une dénonciation immédiate de ces armistices est possible. De plus, la guerre n'a pas encore quitté l'Europe. Devant cette situation, qui est encore loin de pouvoir être considérée comme stable, il ne saurait être question d'une démobilisation complète.
La démobilisation d'une grande partie de l'armée provoque toujours des troubles économiques graves. Si l'on veut parer aux difficultés d'ordre intérieur, il faut que les hommes licenciés retrouvent une occupation. Les difficultés qui nous attendent risquent d'être d'autant plus grandes que la situation économique du monde entier est elle-même profondément troublée.
Jusqu'à mi-juin, notre économie nationale était, en effet, devenue fonction d'un équilibre qui s'était établi entre nous et les deux parties belligérantes. Aujourd'hui, cet équilibre, déjà instable, est rompu et complètement détruit. Qu'il soit permis à l'ancien chef du Département des chemins de fer de souligner le fait que plus aucun wagon ne peut entrer en Suisse ni en sortir sans l'autorisation de l'Allemagne ou de l'Italie. Les conventions de blocus conclues avec la Grande-Bretagne et la France sont pratiquement caduques. Les textes restent, mais il sera dorénavant impossible d'en appliquer les dispositions. La France et l'Angleterre n'ont plus d'accès direct à la Suisse. Il faut se faire à l'idée que cette nouvelle situation durera au moins un certain temps.
Le Président de la Confédération désire saisir l'occasion de répondre tout de suite à la Question de M. Grimm, du 20 juin 1940, sur la politique de neutralité et les conséquences économiques qui découlent pour notre pays des événements de ces dernières semaines.
En ce qui concerne notre politique commerciale, des négociations ont été engagées avec l'Italie et avec l'Allemagne. Comme on a pu le lire dans les journaux d'hier, ces négociations ont abouti, avec l'Italie, à une convention satisfaisante. Les conversations avec l'Allemagne reprendront à Berne aujourd'hui même, à 4 h. et demie. Comme elles ne sont pas achevées, il est impossible de s'en former un jugement et de donner à leur sujet des renseignements précis. Il est de fait que nous devrons entretenir à l'avenir avec l'Allemagne des relations économiques beaucoup plus importantes que durant les six premiers mois de cette année. Sans le consentement de l'Allemagne, nous ne pourrons plus nous approvisionner en charbon, puisqu'elle contrôlera désormais non seulement l'exportation de son propre charbon, mais aussi ceux de Pologne, de Belgique, de France, du Luxembourg et même, en ce qui concerne le transit, de la Grande-Bretagne. II va sans dire qu'on ne nous fera pas cadeau de ces marchandises et qu'il faudra les payer d'une manière ou d'une autre. Au surplus, nous ne pourrons plus utiliser les ports français sans le consentement exprès des occupants.
On ne peut fixer pour le moment la manière dont vont s'établir les relations commerciales. Tout ce qu'on peut dire, c'est que ces relations
1° subiront un changement essentiel;
2° seront mouvantes au gré des événements.
Tout cela dépendra également, mais dans un avenir plus lointain, des nouvelles possibilités qui seront offertes du côté français.
Devant cet avenir changeant et incertain, nos efforts doivent tendre à ne pas nous laisser assujettir à un seul bloc économique. Il faudra faire contrepoids à certaines pressions économiques qui pourraient s'exercer sur nous du nord, du sud ou de l'ouest. La situation intérieure du pays sera difficile précisément à cause des obstacles économiques qui gêneront le développement de notre activité habituelle. La possibilité de restrictions à notre exportation implique une grave menace de chômage. Mais quoi qu'il en soit, le Conseil fédéral est fermement résolu à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que le peuple suisse ne tombe ni dans misère, ni dans l'oisiveté. Nous devrons nous imposer des restrictions. Il ne pourra plus être

[765]
tion d'une prospérité générale comme dans le passé. Les décisions du gouvernement sont prises. Il a établi avec rapidité un programme de travaux pour occuper les soldats démobilisés, autant que possible dans leurs professions, sinon d'une autre manière. Ces mesures sont indispensables si l'on veut éviter des périls politiques qui pourraient être extrêmement graves. L'épée de Damoclès suspendue sur la Suisse n'est, à partir d'aujourd'hui, plus le danger d'une invasion militaire provoquée par des considérations stratégiques, mais bien le danger que nous ne soyons pas maîtres à l'intérieur et, de ce fait, considérés comme un élément de troubles en Europe.
[…]
[768]
[…]
M. Pilet-Golaz regrette d'avoir dû constater, au cours de la discussion, qu'on ne lit pas exactement ce qui a été écrit ou ce qui a été dit. Il n'avait jamais parlé d'une démobilisation totale, mais bien d'une démobilisation «partielle et graduelle» de notre armée. Il n'avait pas dit non plus qu'il fallait se garder de démobiliser pour ne pas provoquer le chômage. Il avait simplement constaté que la démobilisation posera des problèmes sérieux d'économie intérieure. Il avait attiré l'attention sur le fait que l'armistice et non la paix a été conclu entre nos voisins et que, de ce fait, le danger militaire subsiste. Il ne peut y avoir aucun doute qu'il faudra défendre notre pays contre toute attaque ou exigence intolérable de l'étranger. Mais il faut le défendre intelligemment. Même sur le plan militaire, il ne sera du reste pas possible de maintenir dans l'ensemble l'organisation ancienne de défense du pays. Il faudra adopter un dispositif différent. Si le Conseil fédéral a décidé hier la démobilisation partielle, il ne l'a pas fait sans avoir préalablement pris les contacts nécessaires avec l'armée. Il ne saurait être question de maintenir sous les armes uniquement des gens sans occupation civile, car il faut avant tout, pour la défense nationale, des troupes prêtes et bonnes et non des corps de chômeurs. Cependant, on fera en sorte de garder comme volontaires les gens sans emploi civil, au lieu de les abandonner à leur sort. Tout cela exigera, comme on vient de le dire, une démobilisation «graduelle et partielle».
Certains orateurs ont évoqué le danger allemand. Certes, ce danger subsiste. Mais, s'il le veut, le Reich aura désormais contre nous d'autres moyens que les armes. Il aura le moyen de la faim. C'est donc au danger économique qu'il s'agira de parer. Et pour cela, il faudra donner au peuple non seulement du pain mais aussi du travail.
On a reproché à l'orateur de n'avoir soufflé mot de la démocratie dans son discours radiodiffusé. Il ne sied pas de rappeler trop souvent les choses qui sont en dehors ou au-dessus de la discussion. «De plus, je me suis bien gardé de parler de dictature; mais j'ai parlé d'autorités et de décisions d'autorités. J'ai voulu dire par là qu'il faudra prendre vite les décisions importantes, sans se perdre dans d'interminables discussions au sein des commissions. Ce n'est pas sans raisons non plus que j'ai parlé d'une patrie libre. Mais pour la conserver telle, il sera indispensable d'avoir une certaine confiance dans le gouvernement et de ne pas user ses forces en de vaines palabres ou longs comptes rendus».
Pourquoi, enfin, n'a-t-il pas été adressé un salut spécial à notre armée? Le moment n'est pas venu pour cela. Aujourd'hui, c'est encore le général qui s'adresse à l'armée. Le gouvernement, de son côté, parle au peuple. II exprimera ses remerciements à l'armée lorsqu'elle sera démobilisée. Actuellement, elle est encore sous les drapeaux.
Nous aurons à subir de douloureux renoncements, à faire de durs sacrifices si nous voulons garder notre place et notre mission dans le monde.
L'orateur était bien conscient de ce qu'il disait quand il déclarait que le Conseil fédéral fournira coûte que coûte du travail au peuple suisse. Il faudra, pour y arriver, aller très loin et penser aux autres avant de penser à soi-même.

[Documents diplomatiques suisses, vol. 13, pp. 763-768]

*** / ***

lue 2827 fois et validée par LDG
 
décrypter

 



Pour contacter les modérateurs : cliquez !

 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes