Toute guerre se nourrit de symboles David, et la réalité chirurgicale du terrain ne suffit jamais à juger d'un fait militaire autrement qu'aux yeux des exécutants. Combien de soldats et de généraux ruminent leur vie durant le fait que l'histoire les juge vaincus alors qu'ils sont persuadés d'avoir été vainqueurs : la bataille d'Alger côté français, l'armée américaine au Vietnam... pour ne citer que ces exemples.
Ce qui joue avant tout à Bir Hakeim c'est le devenir des armes françaises après la plus catastrophique défaite de leur histoire : par leur résistance acharnée au-délà de ce qui était attendu, elles renaissent aux yeux du monde, et pas seulement aux leurs, peu importe si "tactiquement", elle demeurent ou non maitresses du terrain :
The place called Bir Hakeim or as the Germans write it. Bir Hacheim, does not appear in any ordinary atlas. It is probably little more than a low humps of sand and a water hole. But it is a name that later generations of Frenchmen may one day put on their monuments beside such names as Orleans, Fontenoy, Valmy and the Marne.
Washington Post, 16 juin 42.
Malplaquet, en 1709, serait un autre exemple de ces "glorieuses défaites" qui par leurs conséquences comptent parfois plus que certaines victoires. |