Lettre d'info n° 61
Chers abonnés,
En ce janvier d’une année riche en commémorations honteuses ou glorieuses, il semble que nos officiels aient oublié dans leurs vœux tous azimuts notre muse de l’Histoire. Il est vrai qu’ils l’ont récemment outragée en la privant des assiduités des bacheliers scientifiques, aussi vaut-il sans doute mieux qu’ils se fassent discrets tandis que nous continuons le combat contre cette bévue, pour qu’au plus tard leurs successeurs la corrigent.
Un prétendu roman de Yannick Haenel, et surtout son succès, offrent ample matière à nous sentir utiles : voilà que Nuremberg devient un camouflage de la complicité américaine dans le judéocide, lequel n’est plus un crime contre, mais de l’humanité. Et si nous nous récrions, nous sommes des savants au cœur sec incapables de reconnaître les mérites de la création. Il y a longtemps qu’un tel tissu d’erreurs historiques n’était pas passé aussi inaperçu, jusqu’à ce qu’enfin la bulle explose grâce à Annette Wieviorka dans l’avant-dernier numéro de L’Histoire. J’essaye d’en tirer quelques leçons dans le nouvel éditorial.
A vrai dire le site a peu bougé depuis la dernière lettre, tant ont été absorbantes (outre la continuation de la belle aventure de La Dernière guerre) les finitions de deux ouvrages à la fois :
*Mers el-Kébir / L’Angleterre rentre en guerre (éditions FX de Guibert, sortie le 4 mars) ;
* Petit dictionnaire énervé de la Seconde Guerre mondiale (éditions de l’Opportun, sortie le 1er avril).
D’amples informations sur ces deux publications seront mises en ligne dans les prochaines semaines. Elles devraient concourir à faire oublier les ratés de 2000, une année où la commémoration des événements de 1940 a marqué le pas, étant notamment parasitée par un thème à la mode, celui de « l’étrange victoire allemande ». Il est temps de la trouver, à nouveau, fort logique, Hitler étant ce qu’il était et ceux qui tentaient de s’opposer à lui en prenant si mal la mesure.
Puisse le tournant principal de la guerre, c’est-à -dire le surgissement de l’obstacle churchillien en mai-juin 1940, être enfin mis à sa juste place ! C’est tout le mal que je souhaiterai à notre discipline.
François Delpla |