L’histoire est racontée par le Group-Captain Hugh Verity bien que ce ne soit pas lui qui pilotât l’avion mais le lieutenant Affleck.
La mission était « Bludgeon » et le correspondant au sol était Paul Rivière.
Dans la nuit du 8 au 9, le pilote se posa à la seconde tentative à 23h30 sur le terrain « Orion ».
Le Hudson n’amena que des armes et des munitions. Il s’enlisa dans un terrain détrempé avec son poids de 7500kg, en regagnant le point de décollage. La neige menaçait de tomber
L’équipe de Paul Rivière et les passagers poussèrent le lourd appareil et l’orientèrent face au vent. Le pilote mit le moteur en marche mais le Hudson ne voulait pas bouger. La roulette de queue était enfoncée dans la boue de même que les roues principales étaient enlisées jusqu’au moyeux.
Il fallut à nouveau arrêter les moteurs. Dans la nuit une foule de villageois arrivèrent. Des chevaux et des bœufs furent attelés à l’Hudson mais il ne réussirent pas à le déplacer.
Un appareil allemand passa au-dessus des têtes et tout travail cessa.
Si l’appareil n’arrivait pas à décoller à 3h, le pilote avec Paul Rivière envisageait de le détruire. L’équipage devrait gagner la frontière espagnole
Le pilote décida de faire creuser le sol devant les roues principales pour que l'avion pût avancer aux moteurs.
Décidé à ne prendre que le chargement minimum, Il laissa au sol certains passagers : Jacques Maillet compagnon de la libération et le professeur Aboulker qui étaient fort déçus.
Il embarqua le capitaine Brough dont le Halifax s’était écrasé dans la nuit du 3 au 4 novembre 1943 et un couple et leur enfant. Ce capitaine raconta à Hugh Verity que l’homme semblait en proie à une dépression nerveuse et que la femme enceinte de 9 mois, à quelques heures de la délivrance, se tenait là sans réaction assise dans la boue.
Le pilote essaya de décoller mais ne put prendre assez de vitesse et revint à son point de départ. Il s’enlisa à nouveau mais parvint cette fois-ci à extraire l’appareil très facilement.
A 2 h 05, deux heures et demie après l'heure normalement prévue pour le départ, une dernière tentative réussit — de justesse. A la limite du terrain l'Hudson heurta une bosse et rebondit, sa vitesse ayant atteint 90 km/h
Au sol les sentinelles de Paul Rivière tirèrent sur une patrouille d’Allemands
L’appareil était gelé, trempé, couvert de boue de la tête aux pieds. Le pilote s'aperçut au bout d'une demi-heure que l'Hudson allait bien lentement, s'en étonna et comprit qu'il avait oublié de rentrer ses volets.
À l’atterrissage de Tempsford, il craignait d’être dans l’incapacité de sortir ses roues coincées par la boue gelée
Ses antennes avaient été cassées au cours de cette lutte démente pour arracher l'avion au sol. Il put rentrer sans s'être fait reconnaître par les défenses aériennes de Grande-Bretagne.
L'appareil parvint à se poser à la base à 6 h 40, couvert de boue.
Lucie Aubrac mit au monde immédiatement une petite fille
Affleck fut promu capitaine et reçu la Distinguished Service Order |