En version originale
Frankreich in Hitlers Europa. Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg (Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, 1966),
La France dans l'Europe de Hitler (Fayard, 1968) est bizarrement passé inaperçu, alors qu'il anticipait la fameuse
"révolution paxtonienne" (de même que le
Vichy. Année 40 d'Henri Michel, édité chez Robert Laffont en 1966).
Qu'on en juge. Eberhard Jäckel, en utilisant les archives allemandes, a permis d'établir que Hitler n'avait pas recherché une collaboration égalitaire avec la France, qu'il considérait comme un pays à exploiter, et non un partenaire potentiel dans le cadre d'une alliance de plus grande envergure. C'est au contraire Vichy qui a cherché à collaborer, et Hitler qui a méprisé ces offres répétées.
Pas la peine de le décrire plus avant, car un très bon résumé de cet ouvrage a été réalisé par
Jean Sigmann, Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, 1971, 26/1, p. 54-56, et suffit amplement à s'en faire une idée appréciable.
Ce faisant, et malgré une très bonne connaissance des administrations allemandes dans la France de 1940-1944, Jäckel ne semble pas réaliser à quel point Hitler est bel et bien le
Führer dans tous les sens du terme, c'est à dire qu'il reste le guide, obscur ou avoué, de ces différentes structures, pour accoucher d'une très cohérente politique d'exploitation économique et criminelle.
En outre, comme l'indiquent les travaux récents de François Delpla (
Montoire, Albin-Michel, 1995) et Barbara Lambauer (
Otto Abetz et les Français, Fayard, 2001 - sur ce point, de manière il est vrai peu volontaire), c'est bel et bien le dictateur nazi qui, en diverses occasions, se nourrit de la veulerie, du racisme et de l'antisémitisme de Vichy pour susciter chez lui toujours davantage de compromissions et de crapuleries. Et Vichy de joindre l'utile à l'agréable, jouant sa propre politique antisémite et collaboratrice, par orgueil national autant que par désir de plaire au nouveau maître de l'Europe, sans se douter qu'il ne fait que mettre en oeuvre les désirs de ce dernier, sans le moindre sens moral, ni la moindre contrepartie.