Bonsoir,
On quitterait trop le sujet des "Editions de Minuit" avec Pierre Drieu (La Rochelle), mais il faudra un jour ouvrir le débat sur cet homme complexe et compliqué qui parvint à rester en bons termes malgré les rigueurs, les crimes commis durant l'Occupation et sa prose navrante, et cela jusqu'à son suicide, avec la plupart de ses amis écrivains d'avant-guerre.
Il y eut des passerelles discrètes, voire secrètes entre Paulhan et Drieu, Drieu et Malraux, etc...
Durant les années 20 et 30, Drieu avait fréquenté les milieux d'avant-garde (le groupe surréaliste, par exemple, où Aragon devint son meilleur ami avant de se brouiller peu avant la guerre). Des amitiés s'y nouèrent que les positions politiques les plus radicals ne purent abîmer.
Il y eut une sorte de fraternité littéraire, une connivence improbable entre celui qui fit le choix de la collaboration culturelle et politique totale avec le nazisme en France et des auteurs qui animèrent la résistance littéraire et politique. (Dominique Dessanti avoua une tendresse blessée pour Drieu qu'elle croisait parfois durant les années noires alors qu'elle attendait un contact avec son réseau...)
Drieu reste un "cas" dans l'histoire des lettres du XXe siècle : j'en viens parfois à penser qu'il choisit volontairement des positions détestables comme on opte pour un moyen de se suicider socialement et artistiquement ...
A suivre sur un débat spécifiquement consacré à Drieu.
Un autre de ces écrivains "maudits" qu'on aime détester ou... qu'on déteste aimer. (Avec la bonne bio que lui consacrèrent Grover et Andreu, par exemple.)
Cordialement,
René Claude |