Il me semblait que c'était clair. Azéma est le fils d'un collaborateur, qui plus est pas n'importe lequel des collaborateurs. Cet état de fait le plaçait dès le départ quelle que puisse être sa valeur personnelle dans une situation particulièrement inconfortable pour écrire l'histoire de la France dans la Collaboration.
S'il était sorti des clous, s'il avait pris des positions en rupture avec la pensée dominante de son époque marquée par une hostilité sans nuance au régime de Vichy, il se serait immédiatement fait démolir sur le thème le fils de collabo défend son père ou l'idéal de son père.
Peut-être même certains seraient allés jusqu'à le qualifier de "traître génétique" comme un avocat le faisait récemment à propos de Philippe Bilger.
C'est un fait que la possibilité de faire entendre publiquement des opinions dissidentes en matière historique mais pas seulement n'est pas la même pour tous. Il y a des choses que vous pouvez dire en étant entendu si vous êtes le fils d'un Français libre mais pas si vous êtes le fils d'un milicien.
Si Le Pen dit qu'il y a trop de noirs dans l'équipe de France de foot (à ma connaissance, il ne l'a pas fait), c'est un scandale, il se retouve devant un tribunal et on lui ressort pendant 20 ans. Si c'est Georges Frêche (il l'a fait), cela fait un peu de bruit puis cela se tasse. Si c'est Finkielkraut (il l'a fait aussi), quelques réactions indignées mais guère plus. Ce n'est évidemment pas un hasard.
Ce que je dis, c'est que la marge de manoeuvre d'Azéma de par sa filiation était dès le départ extrêmement réduite et qu'il ne pouvait pas écrire autre chose que ce qu'il a écrit à propos de Vichy. C'est tout. Je n'ai rien contre Azéma et je l'ai trouvé très digne dans l'émission Droit d'inventaire.
Enfin, si j'écris les propos d'untel sont odieux et méprisables, il est bien évident que je témoigne de mon peu d'estime pour untel. Mais cela n'est pas important. Ce qui l'est, c'est qu'untel puisse répondre. Si cela continue ainsi sur LdG, c'est bien. |