Bonsoir,

*** Les plus récents des souvenirs qui suivent auront bientôt trente ans. Allusives ou allégoriques, les références à cette période visent habituellement à justifier le présent en dénaturant le passé. On veut couramment faire croire que quelques hommes de génie, doués de prémonition, comprirent plus vite que tous, en 1940, le sens de l'Histoire ! De tels guides ne pouvaient être que des chefs déjà sélectionnés, déjà "en poste" : chefs militaires ou chefs politiques. Pourvus d'une intelligence supérieure, ils devinaient ce que ne pouvait voir la troupe. Eux pouvaient parler. Eux seuls. Lancer des appels pour éclairer le peuple aveuglé ! Allons, qui n'a pas son appel ? Demandez l'appel ... ! De quand dites-vous ? Du 18 juin ? Voici le nôtre. Nous le daterons du 10 juillet ! Qui dit mieux ? Vous ne l'avez pas entendu ? Mais celui du 18 juin non plus ! Alors ? ***
Roger Pannequin, Ami si tu tombes, 1976.

Cet extrait est cité par Laurent Douzou, "La Résistance française : une histoire périlleuse" au chapitre : "Une historiographie remise en cause et renouvelée".
Pannequin, ancien responsable FTP, arrêté trois fois, témoigne dans ce texte ... texte iconoclaste dans le contexte de l'époque, de sa méfiance envers un passé appelé à la rescousse des luttes politiques du présent.

Charles Tillon ira dans le même sens en distinguant le PC qui fonctionnait comme un "courtier de la diplomatie soviétique" par rapport aux réflexes spontanément résistants par antifascisme de nombre de militants.

Bien cordialement,
Francis.