Le vote de la loi des pleins pouvoirs - Une Allemagne contre Hitler - forum "Livres de guerre"
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La description du livre

Une Allemagne contre Hitler / Günther Weisenborn

En réponse à
-1Résistance allemande de Christian Favre

Le vote de la loi des "pleins pouvoirs" de Francis Deleu le vendredi 06 mars 2009 à 21h08

Bonsoir,

Prolongeons la date du 30 janvier 1933 lorsque Hitler devient chancelier du Reich. Projetons-nous au 23 mars suivant lorsque Hitler devient le "dictateur légal". Pour ce faire faisons appel à André François-Poncet, ambassadeur de France à Berlin de 1931 à 1938.
Dans son livre, Souvenirs d'une ambassade à Berlin, le diplomate, fin connaisseur de l'Allemagne, "raconte" avec sa verve habituelle [*] la séance décisive du Reichstag qui mettra en place la dictature hitlérienne.
Le 23 mars, l'assemblée est saisie du projet de loi des pleins pouvoirs. C'est la séance décisive. Hitler l'ouvre par un long discours-programme, qu'il lit, les sourcils froncés, d'une voix morne. Discours prudent, d'ailleurs, calculé pour embarrasser les catholiques et les obliger à se rallier, les communistes étant exclus des débats et les socialistes rejetés, d'avance, hors de la majorité. Hitler commence par un rappel de l'incendie du Reichstag et fulmine contre les incendiaires. Il exprime, de nouveau, sa volonté de réaliser l'unité de tous les Allemands. Il laissera aux Etats confédérés une certaine autonomie, mais déclare qu'à l'avenir leurs conflits ne s'étaleront plus en public. Au passage, il verse une douche froide sur les espoirs des monarchistes. Il fait allusion à d'éventuelles réformes du Reich et de la constitution, mais la question du retour à la monarchie, ajoute-t-il, n'est pas discutable, à l'heure actuelle.
La cérémonie de Potsdam recule déjà dans le lointain. Au reste, Hitler protégera les deux confessions religieuses, tenues pour des facteurs importants de la conservation nationale. Il respectera la propriété et l'initiative individuelles. Il s'abstiendra de toute expérience monétaire, accordera aux paysans endettés les moratoires nécessaires, aux classes moyennes l'aide dont elles ont besoin. Il fournira, sans dire comment, du travail aux chômeurs. Il pratiquera une autarcie relative. La Reichswehr bénéficie de ses éloges et de ses égards particuliers. Il proteste, enfin, de son attachement à la paix, mais à une paix qui ne connaisse plus ni vainqueurs, ni vaincus, et de son désir de vivre en bonne intelligence avec l'Angleterre, la France, le Saint-Siège, la Russie même. Sa péroraison vise nettement les catholiques; ils seront traités selon l'attitude qu'ils adopteront. La salle se lève et entonne le "Deutschland über alles". Pendant la suspension, j'entends, au-dehors, les pelotons hitlériens crier en choeur : "Nous voulons les pleins pouvoirs; sinon, gare la casse! "
À la reprise, Wels demande la parole au nom des socialistes. Il présente la défense de son parti. Les socialistes ont pris leur part de responsabilité, au milieu de la situation tragique qui résultait de la défaite, et bien que la constitution de Weimar ne fût pas une constitution socialiste. Ils demeurent, quant à eux, fidèles aux principes de liberté, d'égalité, de droit social, d'humanité et de justice. On peut les persécuter, les priver de leur force; on ne les privera pas de leur honneur. Ils ne voteront pas les pleins pouvoirs. Wels a parlé avec une extrême modération, sur un ton d'excuse et de plaidoyer, un peu comme un enfant battu qui s'attend à recevoir de nouveaux coups. Son discours n'en est pas moins, en raison des circonstances, un discours hautement honorable, digne et courageux.
Pendant qu'il le prononçait, je voyais Hitler occupé à prendre fiévreusement des notes. Il demande, aussitôt, la parole pour répliquer et se dévoile, alors, tel qu'il est: un polémiste, un agitateur de réunion publique, un fanatique sans générosité. Avec une extraordinaire passion, mordant, vibrant, vengeur, il foudroie son adversaire; il fonce sur lui, l'écrase dans un réquisitoire véhément, rappelant les années de lutte, au cours desquelles le national-socialisme a été bafoué, malmené et persécuté. "Ne nous confondez pas, s'écrie-t-il, avec la société bourgeoise ! L'étoile de l'Allemagne se lève; la vôtre va disparaître, votre heure a sonné!" Après lui, Mgr Kaas, au nom du Centre, se montre humble et déférent; il marche sur des oeufs; il invoque les exigences de l'union nationale; le Centre se dégagera des considérations de parti; il tendra, quant à lui, la main à ses adversaires. Brüning, qui est dans la salle, garde le silence.
Hitler a gagné la partie; les pleins pouvoirs lui sont votés par 441 voix contre 94, soit par plus des deux tiers des présents; seuls, les socialistes ont osé voter contre. En vertu de ces pleins pouvoirs, accordés pour quatre ans et qui se fondent sur une apparence de légalité, Hitler est, désormais, le maître absolu du Reich. Il peut légiférer à sa guise, dans tous les domaines. La voie est libre devant lui. Ses décrets n'ont plus besoin, ni de la sanction du Reichstag, ni de la signature de Hindenburg.
Bien cordialement,
Francis.

[*] André François-Poncet (1887-1978) n'est pas un diplomate de carrière. Agrégé d'allemand, journaliste, député en 1924, partisan de la politique de réconciliation franco-allemande, il participe à plusieurs cabinets ministériels avant d'être nommé ambassadeur à Berlin. Passionné par le drame de l'Allemagne, remarquablement informé, il a rencontré plusieurs fois Hitler et les dirigeants nazis pour mieux les connaître.

Plutôt qu'un fastidieux exposé, son témoignage et son interprétation de la conquête du pouvoir par Hitler méritait d'être reproduit ci-dessus.

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