Bonjour,
un extrait des Mémoires du chef des Services secrets de la France libre de Colonel Passy (Auteur), Jean-Louis Crémieux-Brilhac (Notes et préface) :
« Au cours du mois d'août, je trouvai quelques volontaires pour aller en Afrique du Nord jeter les bases de deux réseaux, l'un au Maroc et l'autre en Algérie. Il s'agissait de quatre officiers, tous pleins d'allant et de foi, qui se chargèrent d'une triple mission : formation de cadres gaullistes (en particulier, si possible, parmi les officiers des affaires indigènes) ; étude dles possibilités de recrutement et d'évacuation de personnel pour la France Libre ; établissement d'un système de propagande gaulliste.
Les lieutenants Guérin et Ter Sarkissof reçurent le Maroc comme champ d'action. On leur adjoignit un nommé Pécheral comme opérateur-radio. Celui-ci fut, à mon insu, chargé d'une mission particulière par les Anglais, ainsi que je le découvris dans les procès-verbaux de ses interogatoires par les policiers de Vichy après son arrestation.
Les lieutenants Puech-Samson et Bazaugourt furent chargés de l'Algérie. Ils emmenèrent avec eux, comme radio, le Belge Édouard Nibelle.
Ces deux groupes, complétés par deux opérateurs supplémentaires,Guerin et Jouan, furent transportés d'abord à Gibraltar. De là, l'ineffable Cody se chargea de les acheminer vers leurs points de débarquement clandestins. Les opérations réussirent, d'ailleurs plutôt mal que bien, car la police en fut avisée quelques jours plus tard lorsqu'on découvrit les canots qui les avaient amenés à terre.
Guérin rencontra peu après un certain baron Louis de Vaufreland en qui il eut le tort d'avoir confiance car il le livra aux autorités locales. Ceci amena l'arrestation de l'équipe entière. Ils furent condamnés aux travaux faces d'où, fort heureusement, ils purent s'échapper, non sans avoir subi d'odieux traitements, avant que les Allemands n'occupassent la « zone libre ».
Quant à l'équipe algérienne, elle remplit sa mission, mais tomba dans un guet-apens au moment où elle s'embarquait pour rejoindre Gibraltar. Tous furent emprisonnés ; le débarquement allié en Afrique du Nord leur rendit la liberté. Ils laissèrent derrière eux, au moment de leur arrestation, des liaisons et des transmissions que les Anglais récupérèrent pour leur compte et dont ils gardèrent les fils, tant à Tanger qu'à Gibraltar. Ils s'arrangèrent par la suite pour nous couper tout contact avec l'Afrique du Nord... Étaient-ils déjà d'accord pour cela avec les Américains ? L'Histoire seule nous le dira. »
Cordialement
Laurent |