Bonjour,

Il est évident que les témoignages, "Mémoires", ... recueillis ou publiés à postériori des événements, sont à prendre avec tout le recul nécessaire. Ils ne manquent cependant pas d'intérêt. La somme de petits détails anodins ou le vécu quotidien du témoin éclairent parfois, au détours d'une phrase, tel ou tel aspects de l'histoire immédiate.

Les frères Strasser "d'abord nazis jusqu'à l'os" en furent même les artisans. C'est, notamment, sur le contenu de national-socialisme et son dévoiement par Hitler que Otto Strasser divergera et prendra ses distances avec le régime.

Le national-socialisme tel que le définissent les frères Strasser, en 1920, lors d'une réunion à laquelle participent Hitler et Ludendorff :

- Hitler : Je n'ai d'autre but que d'enflammer le peuple. Il veut la revanche, je veux le rendre fanatique de la revanche.

- Otto : Pourquoi encore la guerre ? Pourquoi toujours la revanche ?

- AH : L'Allemagne a besoin de fierté.

- Otto : Elle a surtout besoin de travail et de justice sociale. Notre socialisme devra être "national" pour que nous gardions notre personnalité et non pas pour opprimer d'autres peuples. Nous prendrons à droite le nationalisme sans le capitalisme auquel il est en général lié et à gauche le socialisme sans l'internationalisme marxiste qui est un leurre. Cette union aura une force motrice extraordinaire et pourra aider l'Europe à s'unir contre le bolchevisme.

- AH : Par la guerre !

- Otto : Par la paix, par des accords. Nous avons eu deux millions de morts en quatre ans et d'autre part, il n'est pas possible de faire le bonheur des peuples par la contrainte.

NB. Bien entendu, comme le précise François Delpla, ce dialogue est probablement "biaisé par le résultat final de la guerre". Pour ma part, j'apprécie les regards croisés de divers acteurs sur un même événement.

Bien cordialement,
Francis.